Nous avons dansé dans tes jardins,
Aux premiers éclats du matin.
Parmi les lilas et les romarins,
Ennivré par tes vins.
Nous avons couru sur tes rivages,
Sur les sables d'or de tes plages.
Nous nous sommes baignés au large,
Aux Nuances nacrés de tes coquillages.
Nous nous sommes reposés sur tes doux herbages,
A l'ombre de quelques lourds branchages.
Et les yeux fermés, l'ame pleine de volupté,
D'une illusion, une chimère, un rêve éveillé.
Mais le monde les a rattrapés,
Au détour de quelques sentiers.
La mort comme un netch affamé,
Hôte du plus cruel des banquets.
A rempli sa table de cadavres,
Et fait de nous ses esclaves,
Pour mieux dévorer,
Ces bonheurs avortés.
Rien ne saurait chasser ses sordides visions. Malgré la beauté de l'océan, la houle, et l'immensité, elles restent là, dans son esprit.
Il voudrait n'avoir jamais vu cela, la dernière fois qu'il eut une vision aussi terrible était en Elsweyr. Ils étaient là, amoncelés par dizaines...centaines? Des corps inertes, aux regards vides et blanc, comme des marionettes désarticulées. Des Maormers qu'ils disent, il espère ne pas en croiser.
Pourtant tout avait si bien commencé, ils ont eu la chance d'arriver à Gardeciel alors que le festival battait son pleins. Ils ont bu, beaucoup bu, et ils ont ris, beaucoup ris. Rien d'autres n'existait en cet instant que ce simple éclat de joie. Alors ils ont pris leurs instruments et ils ont joué jusqu'au repos de leurs ames, la musique était une caresse de velours.
Étrangement il se demande si kenarthi n'était pas agacé de leurs chants car elle a fait pleuvoir la tempête pendant la chanson.
Puis ils ont parcouru les forêts de rubis, pour rejoindre l'école Aldmerie, pensant y trouver cette fameuse faculté de chirurgie, hélas...Il n'y avait rien. Ils ont appris que l'Académie se trouvait au Couchant et non en Auridia. Ils ont pu contempler tant de splendeurs et tant de beauté, ceuillir autant de bonheur que de joie. Ilse sont baignés et ont joué, tel des chatons, dans l'eau. Il pensait en cet instant que son retour en Auridia n'était enfin de compte, pas si triste et difficile. Puis ils ont décidé de prendre le bateau à Emeraigues...
Ils n'auraient pas du.
C'était un carnage, ils sont arrivés après une terrible bataille. Les corps jonchaient le sol comme autant de gravats sur les ruines d'une vie, et tous se mélangeaient, Altmers, Maormers, un véritable charnier...
Il se demande si il arrivera à oublier un jour, comme il n'a jamais oublié ce camp décimé et ses cadavres carbonisés en Elsweyr, ou cette horrible sensation quand l'obscure noirceur du Vil les a traversé avant de s'envoler.
Non, certaines choses sont un poison pour le coeur, un poison qui s'accroche à jamais.