L'avenir nous le dira...

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Reylïn Xïobê
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Il doit se trouver, en ce monde, des personnes dont l'existence peut s'avérer simple et sans heurts, mais en ces temps troublés, il est plus fréquent de la voir subir nombres de bouleversements échappant à notre contrôle. Nous devenons de simples marionnettes endurant un sort dont nos actes ne peuvent nous prémunir. Ainsi du jour au lendemain notre vie change du tout au tout, sombrant parfois dans l'anarchie et le dénuement. Les plus malchanceux, ou faibles périssent. Pour les autres débutent une âpre lutte pour la survie, nous cherchons par tous les moyens à reprendre les rênes de notre avenir.

Puis le destin semble vous sourire, une opportunité offerte vous fait miroiter un renouveau plein d'espoir devant déboucher vers une amélioration notable de votre condition . Vous la saisissez avec la ferme intention d'en profiter et d'en tirer le meilleur parti. Un nouvel environnement auquel il vous faut vous adapter, vous familiariser; cela occupe tout votre esprit, occultant les parts sombres de ce contrat dont vous pensiez avoir négocié pour le mieux votre écot. Les mois passent, la routine s'installe, malgré les difficultés à vous intégrer vous pensez remplir, dans la mesure du possible, votre rôle. Peu à peu les œillères, dont vous aviez paré votre esprit, s'étiolent dévoilant les travers déplaisants et la réalité de votre situation. Vous découvrez être une fois de plus un simple pantin dont on souhaite tirer les ficelles, un pion pour l'instant roi, mais pouvant rapidement devenir encombrant voir inutile. Il est aisé d'appréhender, dans certain milieu, le sort d'une personne dont la présence devient par trop inopportune.

Cependant malgré le danger vous ne voulez pas renoncer aux avantages durement acquis, et dont vous pensez mériter la teneur, alors, vous jouez votre partition finement jusqu'à trouver une voie d'échappatoire honorable. Il peut s'agir d'une simple lettre à laquelle vous répondez sans grand espoir et dont les débouchés vous permettrez de vous éloigner du péril tout en gardant des commodités pécuniaires et sociales. Vous vous retrouvez encore une fois sur les routes, toutefois sans avoir les désavantages de la pauvreté de vos anciens périples. La menace, plus ténue, reste cependant présente, savoir si vous réussirez à la déjouer, en remportant la mise, est une autre histoire …
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On devrait toujours être légèrement improbable.
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Reylïn Xïobê
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Les échos du passé résonnent toujours dans certains lieux, surtout s'ils recèlent quelques violences inavouées.

L'oncle Vorar tenta de la dissuader d'entreprendre un déplacement, arguant la nécessité de sa présence afin d'assurer sa position; son retour ayant provoqué nombre de remous au sein du clan. Pourtant, malgré une volonté implacable de mettre en avant ses droits légitimes, la proximité quasi permanente de quidams curieux, sapa le peu de plaisir éprouvé, par Xïobê, pour la singularité de sa position, créant ainsi un irrépréhensible besoin d'isolement et de quiétude. L'accord obtenu de haute lutte, la dunmer ne s'attarda guère dans la cité, y séjournant deux jours tout au plus. Elle quitta la ville peu avant l'aube, agilement juchée sur un Guar maussade, accompagnée de deux domestiques et leurs bêtes de bât. Elle prit plaisir à cette matinée de cheminement au travers de minces lambeaux de terre détrempée, jusqu'à l'arrivée en ses terres isolées, à la mi-journée.


Début d'après-midi quelque part au nord ouest de Sadrith-Mora,

Placé à son zénith, le soleil brumeux éclaire d'une lumière blanche la forme ronde de la maison se découpant sur un fond de ciel bleu gris. Malgré les marais voisins et la mer non loin, il règne une aridité étouffante et un calme pesant. La monture arrêtée sur le haut d'un escarpement, la cavalière lâche un soupir de lassitude, avant de profiter du point de vue. De sa position, la Mer peut observer le jardin en friche et la demeure à l'abandon. Rien ne bouge, pas une once de vent pour animer la végétation, la décrépitude est indéniable ; une troublante mélancolie enserre peu à peu son cœur, l'impression qu'ici le temps s'est arrêté puis décomposé lentement. Le couple d'Argoniens, l'accompagnant, attend patiemment, en retrait sur la route. Ils n'osent bousculer leur maîtresse revenue du monde des esprits. Ils l'ont connu enfant, et tentent de la reconnaître dans l'adulte devenue.

« Allez directement aux dépendances, nous nous reverrons demain.»
La voix, au timbre chaud et caressant, brise l'inertie de l'instant. Les deux esclaves redressent la tête vers elle dans un mouvement d'une parfaite synchronisation. Elle leur sourit, mais placée à contre jour vis-à-vis d'eux, cela leur échappe. Ils ne voient qu'une forme d'ombre où se brise le miroitement du jour. Ils frissonnent, une crainte irraisonnée venant soudainement les étreindre. Pourtant, aucun des deux n'oppose d'objection au désir clairement exprimé. Ils s'inclinent avec déférence dans une révérence pleine d'humilité, puis s'éloignent tirant les longes des animaux de traits lourdement chargés, la laissant seule face au passé gravé dans les murs érodés.

La porte de la maison se referme avec un grincement dont la répercussion tarde à s'éteindre dans la vaste pièce vide. L'opacité des vitraux diffuse une lueur poudreuse et grisâtre, évitant l'obscurité totale en échange d'une pénombre crasseuse. Venant chatouiller ses narines sensibles afflue le parfum aigre de la moisissure, à laquelle se joint l'acre effluve des lieux clos depuis trop longtemps. Le déplaisant mélange, presque solide de par sa pesanteur, attaque ses sinus, provoquant une violente quinte de toux qui la laisse essoufflée, telle une naufragée luttant sous l'emprise des eaux. Elle bascule lentement le poids de son corps vers l'avant, faisant craquer les jointures du parquet : le bruit provoqué couvrant son halètement. Le silence retombe sur la scène avant qu'elle ne se décide à bouger. Ses pas se dessinent sombrement dans la poussière maculant le sol. Après une brève hésitation, elle gravit les marches menant aux étages, prend la direction de la porte ouvrant sur le balcon.

Le contraste entre l'intérieur et l'extérieur est saisissant par son éclat. Devant elle s'offre un panorama à couper le souffle: des îlots, couverts d'une canopée anarchique, se mêlent à l'azur d'une mer lisse se fondant, l'horizon venue, avec le ciel dans un camaïeu de bleus. Lorsqu'elle tourne légèrement la tête sur l'un des côtés, elle aperçoit au loin, les piques élancées d'anciennes ruines. Alors qu'elle pose ses mains sur la rambarde, un sentiment de plénitude l'envahie: l'impression que chaque chose a trouvé sa place. Ses peurs idiotes s'étiolent comme neige en été. Avec un juste à propos, un plaisant filet de vent vient jouer sur ses joues, libérant quelques fines mèches de cheveux et les faisant voleter autour de son visage. Elle ôte ses lunettes, les retenant du bout des doigts, au dessus de vide, grâce à l'une des branches. Une douce odeur d'iode et de fleurs embaume l'air.

Elle ne sait comment l'expliquer mais elle pourrait certifier que la maison l'accueille favorablement.
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Reylïn Xïobê
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Le songe de Xanbia.
En cette fin d'après-midi estivale les premières notes de fraîcheur ramènent un peu de vie sur la propriété endormie. Les rayons, d'un soleil mourant, illumine les vitraux opaques dont la forme arrondie rappelle des yeux d'insectes. Il règne à l'intérieur de la bâtisse, aux murs épais, une plaisante température et une pénombre apaisante apportant douceur et repos après l'âpre éclat du jour.

« [...] vous savez ! Je n'ai jamais cru à ces histoires ! Je vous ai vu naître et grandir. Je sais que vous n'auriez pas fait ce dont on vous accusait.» Ivre-de-Mots poursuit sa logorrhée, d'une voix gaie et chaleureuse, tout en rangeant avec un soin méticuleux, les dispendieuses tenues de sa maîtresse. Par moment elle détourne la tête, des étagères de l'imposante armoire aux portes gravées des emblèmes dunmeri, pour poser de longs regards troublés dans la direction de la Mer et sur le coffret, en bois précieux, traînant au sol près du baldaquin. De la gueule béante du réceptacle se déverse, en ondulations chaotiques, les pans du papier de soie ayant protégé les artefacts. Sur le fond beige du tapis en laine, ils dessinent de lentes coulées rubis.

« […] Creuse-la-terre-fébrilement pense qu'il ne faudra que quelques semaines pour rendre au jardin sa beauté d'antan. La terre est riche, et il s'agit juste de remettre de l'ordre dans la végétation anarchique. »

La litanie se fond au creux d'un bruit blanc tandis que Xïobê contemple les masques posés sur l'épaisse courtepointe pourpre. Les ombres dansantes créées par la flamme dorée des bougies parent la scène d'une réalité tronquée. Ainsi l'observatrice, debout près de la couche, les mains retombées le long de sa souple silhouette, distingue à ses pieds de sinueux ruisselets sanglant venant lécher le tissu précieux de ses escarpins. Lentement ses prunelles, d'un incarnat opalescent, remontent vers le dessus de lit . Elles s'immobilisent croisant la trouée des orbites sans vie percées dans la platine ; ces dernières enténèbrent les rictus difformes, modelés sur les faciès en métal par le jeu des lumières.

« […] Le jeune Aden Belaal vous a envoyé un carton d'invitation pour un dîner qu'il organise dans la demeure familiale, vous devriez y aller cela serait bien que vous renouiez les contacts avec vos anciens amis.»
« Excellente idée » s'entend t-elle répondre sans vraiment y prêter attention, trop prise par la déplaisante impression de contempler des êtres à l' expression d'une sardonique ironie toute daedrique. Pourtant cela n'éveille aucune peur en son cœur, mais plutôt un amusement cynique, qui berce son âme d'une langueur en rien monotone. Ses doigts, tels de délicats filins aux nuances de cendre argentée, se tendent pour saisir l'une des œuvres si habilement sculptées. Elle la soulève, la tenant entre ses paumes, jusqu'à la poser contre la peau satinée de son minois. La caresse fluide de la soie, puis le contact métallique se font presque sensuel, faisant courir un frisson le long de son épine dorsale. Sa chevelure de neige s'occulte doucement, alors que choit par dessus le sombre brocard permettant le maintient du colifichet. Foulé aux pieds, le papier-de-soie crisse, se déchire, perdant sa nature onirique et morbide tandis qu'elle s'avance pour faire face à la psyché. Prenant une pause nonchalante, jouant sur le drapé moiré de peignoir céruléen, laissant glisser le tissu jusqu'à dévoiler ses fines épaules bistrées, elle redresse la tête et plonge ses yeux dans ceux de son reflet.

Au bout d'un moment, elle prend conscience du brusque silence qui s'est abattu sur la pièce. Elle pivote lentement pour faire face à l'argonienne. Il est difficile de déchiffrer une quelconque expression sur ces museaux reptiliennes, néanmoins l'esclave semble tétanisée sur place, ses mains griffues se crispant convulsivement sur le lin d'une chemise à dentelle.

« Auriez-vous un malaise, Ivre-de-Mot ? » demande la Dunmer avec toute l'aménité dont elle est capable .
« Elle aimait aussi à se parer ainsi. Elle organisait de grandes-fêtes masquées, vous étiez encore si jeunes tous deux » les paroles s'écoulent dans un débit lent, comme si la femme lézard revivait ces instants. « J'étais à peine plus âgées que vous, six années, mais je devais déjà vous garder, faire attention à vos besoins... » elle s'interrompt brusquement, sa langue bifide passant nerveusement sur ses lèvres écailleuses.
« Continuez de parler de ma mère, s'il vous plait. »
« Votre père a fait construire cette maison pour elle, c'est pour ça qu'elle porte son prénom. Quand la maladie l'a trop diminué, madame Xanbia voulu cesser toutes mondanités. Elle déprimait, le désespoir remplaçant lentement la joie de vivre. Elle se disait le jouet des divinités ayant marqués son destin sous le sceau de la déchéance. Alors se rappelant que ce lieu lui plaisait, il a tenté de l'aider.... » la domestique accentue son propos en écartant les bras désignant les murs les entourant.

Du rez-de-chaussez le claquement d'une porte se refermant se fait entendre et brise le flot des souvenirs. La domestique et la patronne, après un bref moment de gêne, se détournent l'une de l'autre, reprenant chacune leur occupation.
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Dans un ciel lapis-lazuli se pourchassent paresseusement d’arachnéens cirrus caressés par un zéphyr lointain. Surplombant implacablement la cité, le soleil trône en maître faisant ployer les vivants sous son joug, dardant sur eux son irradiante incandescence. L'air ondoie vaporeusement, au dessus du sol chauffé à blanc, en une brume diaphane déformant les perspectives et donnant l'impression que les pierres ocres, avec lesquelles est bâtie la cité, se disloquent lentement, sinueusement, perdant toute matérialité pour se liquéfier sous les pas des badauds. Malgré ses lunettes, elle sent la dureté lumineuse blesser ses prunelles. Les odeurs de corps exsudés, d'épices exotiques, de nourriture sucrées, de parfums capiteux se mêlent dans une cacophonie olfactive la menant au bord de la nausée. D'un geste sec, exprimant une exaspération grandissante, elle tire sur le lin soyeux de sa tunique, car il colle à son corps comme une seconde peau humide. De la sueur perle en fines gouttelettes de la racine de ses cheveux sur son front, frôlant ensuite ses joues en de minces larmes rapidement évaporées sous l'intense chaleur du firmament de midi. Du regard, elle tente de retrouver la silhouette du Khajiit sur la place du marché, mais tel un danseur facétieux et chatoyant, en quelques mouvements agiles il s'est fondu dans la foule faussement joyeuse. La migraine louvoyant à ses tempes, semblable à une vipère-lune prête à mordre, la rend plus morose que de coutume.

** Comment arrive-t-il à supporter cela, couvert d'une fourrure aussi épaisse... ** Après quelques seconde de réflexion où elle peste contre l'injustice flagrante, la mémoire lui revient sur ses agapes nocturnes ** Peut-être, aurais-je par trop abusé du vin et du narguilé ? ...Non ! C'est ce satané félin, il a du se prémunir contre la température. Autant rentrer à l'auberge, avec de la chance la chambre m'offrira un peu de répit..**

Quittant sans regret l'abri précaire d'un auvent en bois usé, la Dunmer se faufile parmi les citadins, écoutant d'une oreille distraite les discussions portant aussi bien sur les soucis de récoltes, les dangers croissant de la région, ou la crainte d'une nouvelle épidémie. Son esprit quant à lui est tourné vers l'idée fort prometteuse d'enchanter ses vêtements pour qu'ils réagissent aux changements de climat, après tout, un brillant esprit avait bien créé un magnifique gilet asséchant pour aider les Saxhleels récalcitrant à rentrer dans le droit chemin. Bercée par cette douce promesse d'un avenir tempéré, le trajet jusqu'à son logement passe comme un songe bouillonnant.

La pièce plongée dans la pénombre offre une légère sensation de fraîcheur; apaisante malgré le parfum entêtant des encens. D'un pas titubant elle se dirige vers le sofa pour y choir tel une poupée désarticulée. La tête basculée sur le haut du coussin, sa chevelure se libère de l'entrave des épingles, se répandant sur le tissu moiré en de fines arabesques argentées. Les yeux clos, les bras retombant mollement vers le sol, elle s'abandonne à la quiétude du moment. D'un bref frottement d'un pied contre l'autre, elle se débarrasse des sandales, leur chute sur le parquet émet un petit claquement déplaisant. Les doigts de sa main droite remontent à tâtons le long du socle de la table basse, afin d'atteindre le plateau, ils palpent le bois jusqu'à ce que son index heurte en douceur le bord métallique d'une coupe. Elle l'agrippe pour la porter à ses lèvres.

« N'chow.. » L'exclamation fuse dans le silence, comme le gobelet doré sur le mur lui faisant face, avant de tomber lourdement par terre. Elle lâche un soupire de martyre, sombrant dans un demi assoupissement tandis que se livre dans son inconscient : la lutte entre son inertie et son désir de se désaltérer. Le temps s'étire longuement dans une agréable torpeur. Quand soudain un frémissement dans l'éther trouble sa léthargie, comme si l'on venait de lancer une pierre au sein d'une marre calme dont les ondulations se propageraient de plus en plus et de plus en plus violemment. Cela a l'effet d'une douche glacée, elle redresse, au aguets.

** Lui...** cette simple évidence l’éveil totalement, mixant appréhension et colère dans son esprit. Elle songe à ne pas répondre, à ne pas entendre mais cela ne fera que retarder l'inévitable. Elle ouvre sa besace pour dénicher la carte, elle la sent froide entre ses doigts: pulsante. Il émane de l'objet une diaphane aura bleuté, elle a la sensation qu'elle prend vie. L'empoignant fermement, elle concentre son pouvoir dessus, puis d'une voix blanche incante la formule nécessaire pour aviver le sort devant permettre le contact.
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Lentement un cercle céruléen scintillant et ondulant, comme de l'eau agitée, se forme devant elle, en son centre se dévoile une image trouble, miroitante; on devine en arrière plan une bibliothèque, quelques cadres. En premier plan : un mer ascétique, au regard perçant et autoritaire.

« Hla barudag, finalement tu daignes répondre, je commençais à croire que tu cherchais à m'éviter. » malgré la déformation, dû à la distance, l'intonation claque sèchement, le mépris y est palpable. « Ainsi tu t'exhibes comme un saltimbanque de basse extraction et en compagnie de ce maudit Khajiit, qui plus est ! »

Elle lui sourit, affichant un air matois et confiant. Mais ses pensées tournent à toute vitesse ** il me fait suivre.... j'aurai dû m'en douter. J'ai été imprudente et trop sûre de moi.**

« Tu me déçois, tu te comportes comme un muhrjul capricieux et indolent. »
« Mon cher Oncle, loin de moi l'idée de vous portez préjudice, vous savez toute l'admiration dont je vous honore à chaque minute de mon existence. J'ai agi uniquement pour me fondre dans la masse, afin de n'attirer nulle ombre sur notre si respectable famille. »
« Silence, tes vagues excuses ne justifient en rien ta conduite. J'admets le relatif intérêt de tes rapports sur la situation à la guilde, ces amateurs le resteront à jamais. Mais cela ne suffit pas à justifier ton absence, le temps de ton retour parmi les tiens sonne. Toutefois, je te laisse une dernière chance de prouver ta valeur. »
« Je suis toute ouïe. »
« Il semblerait que ces maudits Altmers songent à ouvrir une nouvelle académie probablement dans le but de porter atteinte à la grandeur de Shad Astula. Je voudrais que tu ailles là bas pour me dire si cette piètre tentative peut poser soucis. Bien que je doute d'une réelle capacité à rivaliser, je préfère vérifier. Tu as une semaine pour te rendre au Havre et prendre contact avec Eldina Llivün. Elle te donnera les informations utiles à ta mission, elle séjournera à la guilde des mages. Ensuite elle te ramènera chez toi, près de moi...»


Sans attendre de réponse, il rompt le contact, assez brusquement pour que le choc soit douloureux et la laisse pantelante.

**Ainsi le vieux ghendis m'envoie sa daelheg, pour m'obliger à rentrer... **

Elle se rassied sur le siège, à présent sans la moindre velléité de repos, mais pour échafauder une échappatoire à la sentence néfaste d'un retour à Vvardenfell en ces conditions. Il est trop tôt, bien trop tôt, elle ne dispose pas d'appuis afin de retourner la situation à son avantage une fois là bas.
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Reylïn Xïobê
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Fredas 13 Semailles,
Quelques part au nord-est de Sadrith-Mora.


Les premiers rayons du soleil caressent les formes arrondies de la haute et longiforme bâtisse, Les toitures végétales s'embrasent de mille éclats miroitant, la lueur dorée ravive, par endroit, l'éclat brun naturel des parois fongiques créant un contraste des plus féeriques. Eldina Llivün s'attarde à quelques miles de là, savourant l'air piquant et iodée porté par les embruns matinaux; le cri des mouettes mêlés au ressac de la marée chantent à ses oreilles la comptine du retour à la maison.
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Il y a peu encore l'inquiétude enserrait son âme, et la nuit dernière, celle de la traversée pour rentrer jusqu'ici fut l'une des pires. Ses doutes avoisinèrent la paranoïa, affaiblissant sa détermination. Pourtant en cette nouvelle aube, le désir revient impérieux, il n'est plus que temps de reprendre ce qu'on lui a volé, de faire payer aux Reylïn la mise à mal de sa propre famille et le vol de tous leurs acquis. Il est trop tard pour se venger d'Amril, d'autres s'en sont chargés, bien que la main ayant portée le coup fatal ne fut celle de Vorar, il en avait été l'instigateur.
Elle bouillonne de rage, le simple fait de songer à ce prénom et une bouffée de haine manque de lui couper le souffle. Ses mains se crispent vivement sur les rênes jusqu'à faire blanchir ses jointures, le grincement de ses dents attire vers elle, un coup d’œil perplexe de son escortant. Elle lui sourit avec difficulté, mais elle y arrive, elle ne doit à aucun coût dévoiler ses réelles intentions : être calme, le regard empli de conviction, la tête haute. D'une pression des cuisses sur les flancs du Guar et la marche reprend, pour ne plus s'arrêter, ne plus laisser ses émotions prendre le dessus...

Près de cent années qu'elle attend, qu'elle a su faire oublier ses origines afin de devenir la créature de confiance, celle a envoyer pour les missions délicates. Allant jusqu'à partager la couche du Maître avec le but d'entrer dans ses bonnes grâces. Néanmoins nombres de choses lui restent encore cachées, ce maudit moljuhn garde tant de secrets par-devers lui. Cependant, l'un de ses projets semble sur le point de se retourner contre lui....

A moins qu'il ait prévu aussi cela ? L'idée la fait frissonner, un froid implacable lui enserre le cœur malgré la douceur printanière. Depuis combien de temps prépare t-il le retour de sa nièce, peut-être est-elle dans la confidence, l'aide t-elle à traquer les traîtres dans les rangs de la maisonnée. Elle n'est peut-être qu'une marionnette dont il tire les ficelles... un simple pantin.

Elle secoue la tête pour chasser ses tortueuses pensées, il est trop tard pour s'en soucier, car si la Mer restée au Havre se trouve réellement espionner pour le vieux, les jeux sont faits, un message pour le prévenir de la trahison l'aurait si rapidement devancée. Alors autant ne plus y songer et croire en la chance.

- Nous sommes presque arrivée, Serja Llivün, je m'occuperais de votre monture, ainsi vous pourrez directement monter faire votre rapport au gahjuli."

D'un simple hochement de la tête, elle acquiesce. D'une main ferme, elle mène son coursier au delà du pont reliant la terre ferme à l'île, la tension pesant sur son corps, rendant moite ses paumes. Le regard aux aguets, elle cherche le moindre indice prouvant sa disgrâce. Elle met pied à terre dans la cours principale et le soulagement l'étreint : tout se déroule comme prévu, nul ne vient la mettre aux fers. Les serviteurs et les gardes sont humbles, presque serviles, marquant ainsi la déférence de mise pour une proche du propriétaire des lieux.

Elle lève la tête, pour contempler le haut de la Tour. L'éclat, à présent, vif du soleil blesse ses rétines comme un avertissement sur la dangerosité de la joute à venir. Si tout se passe bien, elle aura convaincu Vorar de la nécessité de laisser sa nièce à l'Académie et gagner ainsi le temps pour la suite du projet.... s'il refuse...

Elle hausse les épaules, tant que sa position n'est pas compromise, elle trouvera bien un autre pion pour remplacer celui perdu.
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Missive reçue le loredas 16 Plantaison,
île de Vvardenfell à Tel Tidihn,
diligemment distribuée par une main dans sa boite à musique.

Mon cher Oncle,

Voici le rapport concernant le Cénacle. J'ai œuvré au mieux dans le but de vous prouver ma valeur et démanteler cette académie fort douteuse avant qu'elle ne croisse et devienne importante.

D'un point de vue de l'administratif et de l'enseignement :
Comme vous le savez l'école de mysticisme, est l'une des plus dangereuses pour la stabilité psychologique des étudiants. Ainsi mes cours ont affecté la psyché d'un apprenti, son esprit sans défense a pu devenir la proie d'une entité sombre, rendant ce jeune homme instable. Étant un péril pour ceux qu'il côtoie, il a été mis en quarantaine.
Ensuite lors des réunions administratives quelques mots bien placés ont attisé les dissensions entre différent membre du corps professoral, cela ajouté au peu d'amabilité dont je sais faire preuve, n'a aucunement favorisé la cohésion du groupe, surtout que nous étions fort peu nombreux.

Au niveau du social :
Pour les autres étudiants cela fut presque trop facile, le fait d'être isolés sur une île jouait déjà sur leur mental, il a suffit ensuite de veiller à ce qu'ils n'aient aucune occupations intéressantes entre les cours, un règlement rébarbatif, un manque total de présence du personnel, pour en faire fuir la plupart.


Ensuite l'attaque de plusieurs navires Nordique a terminé de saper les fondations déjà fort mal en point. Bien que l'ennemi fut repoussé, nombre de blessés et de morts furent compté dans les rangs des défenseurs.

Face à cette situation critique, voir potentiellement dangereuse, pour les derniers élèves et le personnels, l'Altmer et le Nordique, instigateurs du projet, décidèrent d'y mettre un terme. D'ailleurs êtes-vous à l'origine de cette escarmouche navale ?

J'ai donc le plaisir de vous annoncer la réussite totale et sans faille de la tâche par vous donné, mais hélas mon retour ne pourra se faire dans l'immédiat. La guilde des mages m'ayant de nouveau contactée au sujet de cette affaire de tablette, je ne saurais revenir auprès de vous, dans notre chère île, sans avoir terminé cette mission. Dans l'état actuelle des choses, il serait fort préjudiciable pour la réputation de notre famille que de ne point respecter l'engagement fait lorsque vous m'avez envoyé à eux pour répondre à leur demande d'aide.
Vôtre nièce totalement dévouée à votre cause,
Xïobê Reylin
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De l'abîme à la cîme....

Les dernières étincelles éthérées du portail s'estompent dans les ténèbres tombantes de la nuit naissante. La Mer franchit rapidement les quelques marches menant à la robuste porte en bois protégeant l'enceinte de son univers. Elle s'immobilise sur le perron, la paume de la main appuyée contre vantail encore imprégné de la douce chaleur diurne. Elle ferme les yeux et prend une longue inspiration, peu à peu le calme lisse ses pensées : Elle est chez elle, dans ce cocon protecteur...

Elle a veillé à le sécuriser, à en faire un lieu imprenable. Elle connaît pourtant la réalité : il n'existe aucune place forte invulnérable. Les livres d'histoire sont truffés de ces cités, dites inexpugnables, tombées aux mains de l'ennemi.
Toutefois, elle s'accroche à cette fausse certitude, car elle est vitale au maintien de son équilibre mental.

Le seuil passé, Ivre-de-Mots accourt au-devant de sa Maîtresse. Elle possède cet instinct développé par certains animaux de compagnie : celui de deviner le retour de leur maître. Pleine de sollicitude l'esclave s'empresse auprès de celle qu'elle attendait avec impatience. Un singulier lien affectif unit ces deux femmes: celle trop âgée pour enfantée, et celle ayant perdu sa mère, trop tôt.
L'argonienne se saisit du bâton, et du sac de voyage de la Dunmer, trottine à sa suite pendant qu'elles traversent le jardin, débutant son interminable logorrhée. Pour tout autre que Xïobê, ce babillage incessant provoquerait probablement la lassitude ou l'énervement. Mais sur elle, ce monologue apporte l'apaisement, se transformant en un bruit blanc laissant tout loisir à son esprit de vagabonder.

- J'espère que vous avez fait bon voyage, ici tout s'est bien déroulé, aucun soucis. Le jardin, comme vous pouvez le constatez, prolifère, Pattes-Vertes a toujours eu un don pour les plantes. Ah ! Oui, pendant que j'y pense, le Guar basset dans votre laboratoire, je crois qu'il couve une maladie... il refuse de s'alimenter, il n'a plus autant d'allant […]

En haut des escaliers menant à la chambre, la magicienne se tourne vers sa suivante, lui souriant chaleureusement. Elle pose son index sur les lèvres écailleuses murmurant une unique parole « silence ! »

Ivre-de-Mots s'arrête, ses yeux reptiliens scrutent les traits fins de la personne lui faisant face, jusqu'à ce qu'elle capte ce regard qu'elle connaît que trop bien. Les prunelles pourpres s'animent de l'éclat sauvage d'une brèche ouvrant sur les tréfonds du chaos et de la fureur habitant l'âme de la Telvanni.
Alors, sans un mot de plus, la domestique recule lentement, rebrousse chemin. Elle ne peut rien faire, juste attendre que la tranquillité revienne, et nettoyer les traces de la tourmente.

Une fois seule, Xïobê porte son attention sur la psyché près de l'armoire. Dans le clair obscure de sa chambre, elle contemple le reflet de ce faciès paré de tous ses atours. Elle s'approche, du bout des doigts, elle caresse, non sans une certaine volupté, la courbe de ses lèvres, l'ovale de ses joues.

Et la haine embrase ses yeux du rouge vengeur du sang versé. Les paroles explosent dans son esprit, hurlent la servitude contenu dans chacun des mots assemblés.

« Je vais être clair, mon entreprise ne fait pas dans la charité, tu bosses pour moi uniquement »

A ce visage se superpose celui d'un autre, un autre oppresseur, celui de l'oncle. Il l'a séquestrée durant de longues années, molestée, torturée aussi bien physiquement que mentalement. Il l'a façonnée, formatée, fabriquée de toutes pièces, conforme à ses souhaits.
Et pourtant la créature s'est retournée contre le créateur, elle l'a dépouillé de tout, laissé pour mort dans un fossé où sa chair putride se décompose bouffée par les vers.
Un rire froid frôlant l'ivresse de l'aliénation brise le silence étouffant de la maisonnée.
Habillement, elle dégrafe sa tenue, la laissant glisser au sol dans un plaisant crissement de soie. Une fois entièrement nue, elle s'observe de cape en pied, soulignant de ses paumes ses formes minces et délicates.

Un outil comme un autre mis à la disposition de son oncle pendant longtemps, et à présent sien lorsqu'elle n'a pas le choix...

L'avait-elle eu? Aurait-elle pu par un autre moyen se sortir de ce guêpier ?
Coincée dans se sous-sol, maintenu de force pendant qu'il dictait les conditions de sa proche soumission... Elle n'avait entrevue que cette possibilité et .... ce fut si simple, si aisé, le désir qu'il avait d'elle était si flagrant. Un jeu d'enfant... il a suffit de le laisser approcher, prendre ce qu'il désirait. Au petit matin, il lui accordait un simple contrat commercial sans plus d'entraves, plus domination outre celle obtenue dans l'intimité de l'alcôve.

Lentement, elle se dirige vers la douche, ouvre les robinets et laisse l'eau brûlante ruisseler sur elle. Au bout d'un moment, elle se saisit d'une éponge et du savon et commence à frotter sa peau, fort de plus en plus fort, presque jusqu'au sang. Il lui faut ôter toute trace, toute odeur, tout souvenir de cette souillure, de ces souillures, effacer ce dégoût d'elle-même, qui la ronge comme de l'acide

Quand le débit s'épuise, la mer attrape une serviette et s'essuie vigoureusement. Lorsqu'elle s'en revient vers la glace, plus aucun artifice n’embellit son être. Sans aménité, elle étudie l'image. Elle ne connaît pas cet individu insignifiant, faible, cette fade chair sans charme, ni grâce, sans avenir et aux émotions si puériles. Une chose morte, sans âme, qui n'a aucune existence réelle.

Alors comme un glissement subtil, tout disparaît, elle n'est plus, elle n'a jamais été, et les ténèbres du dessous l'engloutissent.

[…]

Au petit matin, Ivre-de-Mots armée d'un balais, d'une pelle, ramasse les débris épars jonchant le sol : verre, céramique, bois... elle en a l'habitude, elle va ranger, réparer, remplacer, du moins ce qui peut l'être, pour le reste ....
Pelotonnée dans son lit à l'étage, la Dunmer dort, l'air apaisée et sereine.
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On devrait toujours être légèrement improbable.
Oscar Wilde
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