Au commencement.

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Ji'Rayah
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-Il l'attrappe...Il ne l'attrappe pas...Il l'attrappe...Il ne l'attrappe pas...

Cet infect papillon ne cessait de volter sournoisement dans le seul et unique but, d'anéantir toute tentative de concentration de sa part...Infecte créature, il se méfiait de ses bêtes là si jolies, si mignonnes...Si il avait bien retenu une chose dans sa vie de Khajiit, c'était bien de se méfier de tout ce qui est adorable et mignon, un jour peut être apprendront-ils que ce sont des créatures de quelques sombres seigneurs daedras. Assis sur un pan de mur de l'étage de la guilde des mages, ses jambes ballantes flottaient dans le vide tandis que face à la quiétude des jardins et des forêts d'Auridia, il scrutait le vol perfide de la sournoise créature. Délaissant un soupir, il se concentra plutôt sur le traité qu'il avait entres ses mains et dont le professeur Valastë lui avait confié l'étude "Les arcanes, cause de la thaumaturgie."

"Bien que dans le domaine religieux, la thaumaturgie est ce qui se rapproche le plus du miracle de guérison, les théoriciens Altmers émettent l'hypothèse que la thaumaturgie ne soit qu'une forme avançée...Pffffrrrttt... de la voie de la guérison...Pfrrrrrrrtttttt....Ffffffrrrrrrrrrrrtt." L'ignoble bête harcelait le Khajiit de son indélicate danse, voletant à quelques centimètres de son visage et ne cessait de lui tournait autour.

-Morrrrnes griffes! Il suffit! Feula l'homme tigre avant de balayer le papillon d'une main, d'un geste brusque il voulu l'attraper mais le livre lui échappa des mains pour chuter quelques mètres plus bas au pied d'un altmer qui passait par là, provoquant unc ri de surprise. Par instinct, il voulu le rattraper mais trop tard, perdant l'équilibre sur la rembarde de pierre, le Khajiit chancela.

-Ha vous êtes là Ji'Rayah, je suis las de vous cherch...Hi....Attention!

Ji'Rayah trébucha depuis le muret dans le vide, et essayant de ralentir sa chute enfonça ses griffes dans la pierre, la douleur lui arracha alors une plainte. Et il glissa le long du mur et tomba au sol...sur ses quatre pattes. Il se redressa alors mollement comme si de rien n'était.

-Huuu...Ji'Rayah est désolé, c'est de sa faute à lui...Son poing se délia lentement pour laisser apparaître le frémissement doux d'un battement d'aile de papillon qui s’élança pour reprendre son envol.

L'Altmer secoua légèrement la tête d'un regard inquisiteur plein de remontrance.

-Vous me feriez presque regretter le voyage que j'ai effectué pour venir vous chercher Khajiit. Je suis las de vos fanfaronnades.

-Mais...Il vous assure que...Hum...Après qu'un soupir de dépit lui échappa des lèvres, le Khajiit affaissa les épaules comme si, il portait tout le poids de sa honte et jeta un regard penaud vers l'Altmer.

-J'ai une mission à vous confier mais tout compte fait je ne suis plus sur...Déclara l'Altmer de toute sa majesté propre à sa race, et même si Ji'Rayah était grand pour un Suthay, il n'arrivait guère à la hauteur d'un Altmer, encore moins quand celui-ci était grand lui-même.

-Non non dites, Ji'Rayah vous écoute. Une mission, enfin! Après des cycles et des cycles à arpenter ses murs et ses jardins, ayant parfois l'audace de s'aventurer à travers les bois, l'ennui le possédait comme la nuit possède l'ombre. S'il vous plait...Ji'Rayah est prêt. Voyez comme il s'amuse tellement ici parmi les mers, tellement de vie, tellement de surprises dans ces jardins, hormis les papillons bien entendu...

-Gardez donc votre ironie pour notre future invitée...Nous allons accueillir une Dunmer en voyage, dame Xïobê Raylin en déplacement pour la Guilde de Vvardenfell Ji'Rayah, la guilde aimerait que vous soyez son guide le temps de son séjour parmi nous.

-Une dunmer, ces elfes à la peau lisse et sombre? Demanda le Khajiit.

-Exactement. Nous ne savons véritablement quelles affaires puissent occuper cette dunmer chez nous mais...Vous la surveillerez d'accord?

-Oui, Ji'Rayah sera....un espion, c'est ça que les Altmers demandent, que Ji'Rayah joue aux espions...

-Quel vilain mot Ji'Rayah, je ne dirai pas aux espions mais aux hotes des plus attentionnés, je voudrai qu'elle garde un bon souvenir de son voyage en nos terres et ainsi il ne faudrait pas qu'elle s'attire quelques ennuis.

-Bien, Ji'Rayah sera un hôte des plus intentionné Maitre Vardren, qu'il ne soit pas inquiet, il s'occupera de la Dunmer comme il le faut. Et quand leur invitée doit-elle arriver?

-Le navire doit accoster au port dans la journée, veillez à bien la recevoir et à l'accompagner jusqu'à la guilde.

-Il fera, il fera...Ce sera tout?

-Pour l'instant du moins. Bien je dois retourner à mes travaux, ne trainez pas. Et surtout, par Auriel, allez dont vous laver, vous sentez le chat mouillé et porté la tenue en rigueur.

Le Khajiit renifla sa fourrure avant d'hausser les épaules, il ne sentait rien lui...Mais au regard de Vardren, il n'osa le contredire et hocha du chef. Le mage fit alors volte-face et s'éloigna à travers le jardin afin de regagner ses quartiers, et c'est le coeur plein d’enthousiasme et de joie, propre à la jeunesse et à sa première mission confiée, que le jeune Khajiit quitta la guilde afin de rentrer chez lui afin de se préparer.
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Reylïn Xïobê
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Milieu de la nuit, dans une haute tour semi-végétale, perdue sur l'un des innombrables îlots de terre parsemant la côte Est de l'île de Vvardenfell.
Le bureau est spacieux, une lueur bleuté émanant d'un vitrail éclaire la scène, accentuant l'étrangeté de cette structure entre pierre et fonge. Sur le sol, un épais et coûteux tapis recouvre les dalles, quelques peintures égayent les parois. Les meubles, en bois précieux et aux formes biscornus, offrent l'image du confort tel que le conçoive les Telvanni.
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Sur un confortable fauteuil rembourré est assis un dunmer, dont le visage aux traits ascétiques n'exprime aucune émotion. Malgré l'opulence flagrante de sa mise, il dégage une aura d'austérité rude. De l'autre côté du bureau, une mer à la silhouette filiforme, devant se contenter pour toute assise d'un siège en bois dur, attend patiemment.
« Alors c'est à toi qu'ils ont confié cette mission » un bref silence s'écoule avant qu'il ne reprenne la parole d'une voix douce, trop douce pour être sincère. Il tambourine du bout de l'index sur le bois rare, tout en la détaillant, de cape en pied, sans aucune aménité. « Je me demande quel est leur but …. » Ses derniers mots ne lui sont pas directement adressés, il s'agit plus d'une réflexion personnel du sorcier.

Elle contient un frémissement, tentant de composer sa mine pendant l'étude acérée de son oncle . Quelle déplaisante sensation que de sentir auscultée froidement, jaugée et jugée se dit-elle, pivotant légèrement la tête vers la bibliothèque, essayant de paraître nonchalante tout en évitant de devoir croiser le regard de son parent.

« Ne crois pas un seul instant qu'ils t'ont choisi pour tes capacités ou une quelconque aptitude. Garde en mémoire, tu n'es pour eux qu'un simple pion sacrifiable » Poursuit-il calmement, ne cessant de la fixer, un petit sourire plein de cynisme flottant sur ses minces lèvres.  « C'est ta nouveauté qui te donne un avantage, tu n'ai pas connue, et ta longue absence » A ces mots, il ne peut retenir un petit rire cassant. « font de toi, la personne parfaite à envoyer. Je partage cette idée. »

Et moi je suis un Guar dansant songe t-elle ironiquement, le fait de ne plus m'avoir sous la main, entièrement sous ton contrôle, te rend nerveux vieux Tigi. Xïobê ,a présent, se tient droite sur le tabouret, les yeux baissés dans une attitude contrite, ayant appliqué sur son minois aigu, l'apparence de plus grande l'humilité. Un jeu d'acteur dont elle maîtrise parfaitement les arcanes, après tout cela fait des années qu'elle le pratique. Soumise et inoffensive jusqu'à être la poupée malléable, sans volonté qu'il désire, dont il a l'utilité...


« Je vais tâcher d'en savoir plus, en attendant, tu vas leur offrir une magicienne Telvanni telle qu'ils se l'attendent, il faut qu'ils te pensent tellement imbue de toi jusqu'en devenir inoffensive. Quand l'on ne connaît pas l’adversaire, ni ses projets, il vaut toujours mieux paraître moins intelligent qu'on ne l'est réellement. Cela ne devrait pas t'être trop compliqué. » Glacial, il semble prend plaisir à la rabaisser, savourant chaque tressaillement de la jeune Mer quand il fait mouche
« Je pense que même toi, peux comprendre cela ? » Il s'arrête attendant un acquiescement .

Satisfait lorsqu'elle hoche sagement le tête, il se lève pour se diriger vers l'une des hautes bibliothèques se devinant dans la pénombre au fond de la pièce.
« Il me faudra un rapport journalier...Tttt ! » Levant son index pour lui intimer le silence, comme, même si lui tournant le dos, il pouvait deviner chacune de ses intentions. « Laisse moi terminer, je vais te donner un moyen de communiquer quotidiennement. » Il déplace quelques ouvrages aux couvertures de cuir, pour saisir une boite. Il en caresse délicatement le couvercle tout en revenant vers le bureau. « C'est une de mes dernières créations, d'un goût des plus exquis, je suis certain que tu vas en apprécier la subtilité. »

Il dépose l'objet juste sous le nez de la Mer. Il s'agit d'un très joli coffret en boiserie sombre. Le dessus et chaque côtés sont sculptés magnifiquement. Des formes rondes, s'étirant par endroit. Au début, elle est émerveillée, tant le travail semble délicat et tortueux, elle se penche légèrement afin de mieux l'observer, les motifs peu à peu se dévoilent, alors que l'oncle rapproche gentiment une chandelle pour lui faciliter la tâche. Elle découvre, sous la lumière dansante, des visages aux orbites déformées par la terreur, aux bouches donnant l'impression d'hurler la souffrance de mille morts. Le tout enserrer par des formes serpentines aux crocs saillants.

« Une œuvre des plus exceptionnelle, mon oncle » Murmure t-elle.  « Un style plein d’allant qui sied à votre caractère enjoué ! » Elle redresse le visage vers lui, tentant de faire briller dans ses prunelles l'éclat de l'admiration dont elle n'éprouve pas une once. Bien qu'à son corps défendant, il lui faut admettre que l'artiste, nonobstant la noirceur du rendu, a su par sa dextérité en faire une réelle oeuvre d'art. La mine déjà peu engageante de son oncle s'est durcie, elle se fustige mentalement d'avoir laissé échappé ce trait d'ironie, quelle idiote. Elle ploie la tête, l'expression déconfite espérant que les événements encours retiendront suffisamment l'attention du vieux Mer pour qu'il ne décide pas d'une nouvelle brimade afin de punir son effronterie.

« il s'agit d'une boite à musique, vas-y ouvre là. » s'exclame t-il avec une sorte de joie sauvage, venant lui tapoter doucement le haut du dos pour l'encourager. Elle manque de s'étrangler de surprise mais se reprend immédiatement.
Et malgré l'appréhension, dont elle ne peut se défaire, elle s’exécute, rabattant la chape. Elle recule vivement la main, quand le cliquetis d'un mécanisme se mettant en branle se fait entendre. D'abord faible, quelques notes éparses, puis de plus en plus vive la musique s'élève dans la salle. Une troublante mélopée, un peu déstructurée, pas déplaisante mais plutôt malaisante au bout d'un certain temps. Sur le plateau, une figurine en forme de guar, tourne doucement au gré de la mélodie, se déplaçant d'un miroir, symbolisant une étendue d'eau vers une cabane de rondins, et vice versa. Xïobê cligne des paupières réellement étonnée, rien de douloureux, rien d'effrayant ou de dangereux, cela ne fait qu'augmenter son inquiétude, surtout que Vorar paraît sincèrement joyeux, comme un enfant ayant préparer une farce dont il se réjouit à l'avance.
Elle le questionne du regard. Sans un mot, il désigne, sur le côté droit de la boite, un petit orifice de forme oblongue et crénelée, qu'elle n'avait par remarqué. Il sort de sa poche une minuscule clef argentée et lui tend, en souriant. Sans entrain, elle s'en saisit l'introduisant prudemment dans la fente puis la fait tourner.
De nouveau le cliquettement de rouages s'actionnant résonne, s'accompagnant d'un chuintement feutré pendant l'escamotage du panneau exposant l'innocente scénette.

Ses narines frémissent aux premières flagrances dérangeantes lui titillant l'odorat et lui rappelant celles du beurre rance. Une lueur verdâtre, malsaine, pulse paresseusement en provenance de la cassette. L'odeur devient envahissante, collante, putride, un relent de pourri de plus en plus prégnant, donnant l'impression de s'accrocher à chaque pore de la peau, de s'agripper aux tissus pour s'y incruster durablement.
Xïobê ne peut retenir un haut le cœur, tandis qu'elle plaque vivement une main sur son nez, les yeux larmoyants. Dans son dos, un petit rire cynique, sur son épaule la pression d'une paume aux doigts acérés qui se referment sur ses chairs. « Allons, allons ne soit pas si sensible, le fumet va s'atténuer avec le temps. La viande va se dessécher. Tout est prévu. Mais observe bien ! » L'étreinte s'accentue durement, l'obligeant à l’obéissance.

Prenant sur elle, la magicienne reporte son attention sur l'artefact qui dans un claquement significatif annonce la fin de la rotation. A la place du Guar se dessine une main, à un stade avancée de décomposition. Par endroit le derme pendouille noirâtre, suintant, se détachant de l'os rougi laissant les tendons visibles. Pourtant, la chose reste douée de vie, les doigts bougent dans l'attente qu'on leur confie un objet quelconque. Au bord de la nausée, mais pourtant intriguée, la Mer se penche vers l'avant s'attachant à noter chaque détail. Des écailles se devinent, probablement d'une nuance de verts et d'oranger du vivant de l'argonien. Son cœur manque un battement, sa respiration se fait plus courte, elle repère à l'index un anneau de cuivre torsadé. Et brusquement un élément évident qu'elle avait jusqu'à présent occulté lui saute au visage, la taille, si menue, une patte d'enfant.
Ses poings se serrent, la douleur de ses ongles labourant son épiderme, lui permet de ne pas se laisser submerger totalement par ses émotions : la colère et la haine sont de mauvaises conseillères en de telles circonstances. Elle tremble luttant contre la vague menaçant d'emporter ses barrières sous le flux des souvenirs. Cela ne dure que quelques secondes, mais elles sont éternelles et figées. Elle revoit la partie de Renards et félins dans la taverne à Sadrith Mora, le gain de son succès : un tout jeune argonien, Flane-au-gré-du-Vent. Elle le ramène dans sa demeure, l'amadou par la douceur et les friandises. Le gamin s'attache à elle, lui offre sa confiance et sa fidélité. Venant de loin de très loin, elle perçoit la voix de Vorar, doucereuse comme du fiel.
« J'ai choisi un esclave qui ne manquera aucunement. Trop jeune, pas assez bien éduqué, le pauvre il était perverti et peu fidèle à ma cause. Que cela te serve de leçon. » tranquillement il reprendre place dans son siège. Une fois installé, il appuie ses coudes sur le bord de la table, ses mains en relevées, aux doigts emmêles venant accueillir son menton. Ses prunelles pourpres luisent, dans la pénombre, de l'éclat carnassier d'une allégresse cruelle. « Tous les jours, tu écriras un rapport, il te suffira de le glisser entre les phalanges et imprimer un nouveau tour de clef pour remettre en place. Je possède un autre boîtier...mais je ne vais pas t'ennuyer en t'expliquant le fonctionnement..je doute que ton médiocre intellect puisse saisir les subtilités de mon art. »
D'un mouvement hautain de la main, il la congédie à l'instar d'un vulgaire laquais. Sans un mot, posément, elle active le mécanisme afin d'occulter le macabre spectacle. Elle ferme la boite, l'attrape manquant de la laisser tomber, ses mains devenues glissantes à cause du sang perlant des demi-lunes profondes déchirant ses paumes.
[...]
Quelques jours plus tard sur les quais du Guet de Vulkhel, une altercation opposant un Guar, aux écailles blanches, et un groupe de matelot apporte une divertissante animation pour les badauds. Auquel ce joint le ramage chatoyant et l'éloquence acerbe d'une Dunmer fraîchement débarquée et directement accueillie par un affable Khajiit envoyé par la Guilde des Mages.
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On devrait toujours être légèrement improbable.
Oscar Wilde
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Reylïn Xïobê
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Correspondance à longue distance.

La fatigue cumulée, tout au long de cette nuit mouvementée, se traduit par une sensibilité accrue aux stimulus sensoriels. L'acuité des premières lueurs du jours frappent douloureusement ses rétines, les événements anodins de la cité s'éveillant choque son ouïe autant que son odorat. Dans cet état fébrile, la perception de la Brasserie du Baiser de Mara au sein de laquelle elle séjourne, devient celle d'un havre de paix : un refuge vers lequel s'avancer pour échapper à ce trop plein d'agitation. Elle en occulte temporairement l’exiguïté du logement et le manque de lumière, éléments dont l'association lui procure un angoissant sentiment de claustrophobie dès la porte close.
La salle commune accueille déjà, en cette heure fort matinal, son ramassis habituel de marins désœuvrés en quête d'oubli. A son entrée dans les locaux, le silence tombe, les têtes se tournent mais, ils sont à présent habitués à sa présence : elle n'est plus qu'une voyageuse parmi d'autres, du moins l'espère t-elle.
Une fois dans la chambre, elle se débarrasse rapidement de sa tenue qu'elle laisse en tas difforme à même le sol aux pied du lit, puis se glisse sous les draps frais sombrant dans le sommeil dès que sa tête touche l'oreiller. La journée s'écoule dans un onirisme serein.
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« Tu es en retard »

Malgré la distance et la distorsion provoqué par le sortilège, la voix de son oncle garde cette onctuosité exaspérante même dans la critique. Néanmoins l'accueil n'émousse en rien son plaisir quant à avoir réussi à lancer le complexe sortilège. Une composition d'un cher défunt, d'ailleurs elle porte son prénom « Le miroir de Verden », un secret jalousement gardé par la famille. On avait veillé à lui en apprendre la théorie, elle doutait d'en réussir la pratique, et pourtant...
La voici, confortablement installée sur le lit défait, une coupe de vin à la main, elle en admire le résultat : un disque bleuté, dont la surface translucide ondule telle l'eau soumise à de multiples remous, lévite en plein milieu de la minuscule pièce. L'image qu'elle aperçoit se trouble et ne cesse de bouger, lui renvoyant une vision déformée de la pièce et du Mer se trouvant à Sadrith-Mora.

« Que voulez-vous cher Oncle, loin de vous mon temps s'égare dans d'horripilants méandres, vous êtes le métronome de mon existence.... »
Ses mots coulent avec une sincère exaltation emplie d'ironie mordante, le défier est une mauvaise idée, elle en a bien conscience, mais parfois, la tentation s'avère trop intense pour y résister.
« Cependant, ne vous fâchez point, sachez que j'ai bien travaillé, le problème paraît bien plus complexe que prévu. Il semblerait que l'Empire et le Domaine soit entrain de mettre en place les bases d'un accord. L'archi-chanoine Silosas soutient financièrement un projet d'expédition cyrodilien en vue de retrouver un objet d'une grande puissance magique. Il a fait mention de l'héritage perdu des Dragons.»
A cause de la déformation, elle a du mal à jauger l'expression de son interlocuteur, pourtant, pour la première fois, elle y croit y percevoir une émotion : de la surprise et peut-être de l'inquiétude. Mais elle ne peut s'y attarder trop longuement, maintenir le lien éthéré lui coûte beaucoup d'efforts et sa désinvolture calculée s'effrite peu à peu. L'orgueil la pousse, toutefois, à ne point montrer sa défaillance, elle résistera jusqu'au bout ne souhaitant aucunement dévoiler une quelconque faiblesse.

La réponse de l'oncle se fait hachurée, ainsi que l'image qui se ternit.
« Taches d'en savoir plus, je vais de mon côté me renseigner et t'informer au plus vite. Contactes moi d'ici deux jours en début de soirée et sois à l'heure. »
D'un mouvement des mains, elle relâche les flux, dans un ultime scintillement l'enchantement s'estompe. D'une traite, elle vide la coupe avant de la poser en équilibre sur le lit. Elle s'allonge sur le dos. Ses yeux grands ouverts fixent obstinément le plafond perdu dans l'obscurité, elle lutte contre la désagréable sensation que les murs se rapprochent pour venir l'emprisonner vivante dans un mausolée glacé.
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On devrait toujours être légèrement improbable.
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Ji'Rayah
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La silhouette féline referma les portes derrière lui et le lourd écho brisa le morne silence studieux possédant les lieux. On l'appelait, la tour, ou la flèche, mais elle était connu comme le fief de la guilde des mages de Gardeciel, veillée sous l'égide fantomatique du grand Telenger l'Artificier. Il régnait un calme serein, entres les acolytes et étudiant happés par les écrits aussi anciens que la mémoire des mers, et le mystique accoudé à son comptoir et qui à cette heure tardive, ne devrai plus tarder à fermer boutique.
Traversant le rez de chaussée, le Khajiit fila vers la porte qui menait à l'étage supérieure et à la pointe de la flèche, le crépuscule approchait et avec lui sa cour de constellations. Il ne fallait surtout pas être en retard, un rendez vous manqué avec les étoiles était perdu à jamais. Empreintant les escaliers de pierre et leur infini colimaçon, il enjamba les marches deux par deux et s'engouffra dans cette longue obscurité jusqu'à percevoir la fine lame d'or qui perçait à travers la seconde double porte et s'étalait en une rosace ambrée sur la surface des pierres avant d'en franchir enfin le seuil. Un courant d'air s'invita au sommet lorsqu'il ouvrit la porte, et lui effleura l'échine, angoissant frisson qui lui parcourut alors l'être pour devenir le spectre même de cet étrange et sombre pressentiment qui le possédait. Peut être était-ce l'attaque soudaine de cet assassin, cet âme d'ébène et d'argent, dont le sourire se mêlait à la courbe de sa dague, qui l'eut ébranlé plus que de raison, après tout, il n'avait jamais conu les affres d'une telle violence. Parfois quelques brigands au port de Vulkhel l'avaient certes secoués mais jamais jusqu'à sentir le danger le plus terrible qui soit, celui de craindre pour sa propre vie. Immobile, adossé à la porte, ses prunelles fixèrent son bras qui tremblait, et il posa une main dessus pour apaiser ses tensions et sa nervosité dès lors palpable. Il inspira, longuement. Puis expira, et la quiétude des chandelles aux chaudes lueurs réconfortantes mêlé à la tranquillité de ce ciel de nuit et sa dentelle d'étoiles chassa les doutes et les cauchemars de son esprit.

-Pendant un court moment, j'ai crains que vous n'honoriez guère notre rendez-vous Ji'Rayah. La voix de l'Altmer était de verre, fine et délicate mais tout aussi tranchante et affûtée.

-Ji'Rayah a bien cru lui-même, l'espace d'un instant, qu'il ne pourrait venirrrrr. Répondit le félin de son éternelle filet de miel. Mais il a su distançé les ombrrrres...

-De quelles ombres parlez vous?

-Le vent a tout emporté et le sable avec lui pour mieux en voiler les secrets.

-C'est à dire, vous savez comme je déteste quand vous parlez par énigme Ji'Rayah. C'est la Dunmer c'est cela? Demanda le Maitre mage d'une voix brusque et sèche.

-Non, ce n'est pas la Dunmer, elle est une ame dans le brouillarrrrd, elle est...une brume que le Khajiit devra apprendre à disperser, mais elle ne lui a rien fait non. C'est un assassin, Ji'Rayah s'est fait attaquer par un assassin! Tout est arrrrrivé si vite...Sa gorge recracha un feulement douloureux.

-Bon et vous avez survécu, il n'y a pas de quoi en faire tout un plat visiblement.

Si ses prunelles pouvaient en ce fugace instant cracher les pires flammes daedriques, il n'aurait alors rien resté du maître Mage que des braises fumantes mais il se contenta de retrousser ses babines en une grimace contrariée et ravala sa hargne de fer.

-Mais vous m'expliquez, vous deviez surveiller notre invitée et vous voila aux trousses d'un assassin? J'ai raté un tome ou quelques chose?

-Le Khajiit va vous expliquer, la dunmer semblait très intéressée par les affaires du Seigneur Silosas, elle n'avait de cesse que de poser des questions sur la noblesse du guet de Vulkhel alors le Khajiit, il a fait en sorte de quérir à ses demandes...

-Et?...Demanda l'Altmer tout en pivotant pour faire face au vide et sa nuit.

-Et ils se sont rendus à la soirée du Seigneur Silosas.

-Ji'Rayah vraiment...On sentait tout le désarroi et la lassitude dans le simple ton fataliste du Maitre mage. Vous auriez du me tenir au courant auparavant, ce n’est pas à vous de prendre ce genre de décision et d’acquiescer aux moindres caprices d'une...

-Mais il pensait bien faire, elle mène une thèse que l'impact de l'éloignement des Dunmers de leur habitat naturel, ou quelque-chose dans le genre.

-Et donc cette thèse vous a conduit à une soirée des plus importantes et confidentielle où bien sur, je suis sur que nul dunmer devait en plus être présent...Ji'Rayah vous êtes usant de naïveté. Mais enfin!

-Il essaie de comprendre, il essaie! Mais ce n'est pas facile. Puis il y a eu cet assassin qui a surgit des ombres dans la nuit. Tout se bouscule dans la tête du Khajiit, il ne sait plus trop ce qu'il se passe.

-C'est simple, vous avez appuyé là où il ne faut surement pas Ji'Rayah, vous, ou la Dunmer. Quand cela s'est il passé?

-Il y a deux nuits, dans les jardins du domaine de Silsailen.

-Et vous avez appris quelque-chose, entendue quelque-chose?

-NOn non, Ji'Rayah n'a rien appris, il est resté dehors, il y avait un cadavre déjà sur la berge, puis...

-Puis...? L'Altmer haussa un sourcil et se tourna pour reporter de nouveau son attention sur l'apprenti mage.

-Puis la Dunmer a parlé des dragons, elle a entendu parler des dragons...

L'altmer croisa alors les bras, et pris silence, un silence qui pesa sur le balcon entier et que le khajiit n'osa brisé.

-Ne quittez pas Gardeciel jusque mon retour Ji'Rayah...Annonça le Sage d'un ton apre semblable au couperet. Puis le pas martelant sur la pierre, il quitta les lieux sans un mot de plus ni même un regard.

Et les braises du sombre et étrange pressentiment qui le possédait brûlèrent alors des flammes de bien plus terribles inquiétudes. Ayant soudainement froid, il referma ses bras sur lui-même, dans un sentiment néfaste d'inconfort et que quelque-chose se préparait.
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Reylïn Xïobê
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**Le serpent les poursuit, il amène le chaos et la mort... le destin a choisi et posé sa marque, nul ne peut y échapper...**

Les phrases et les mots du mystique se mêlent, s'invertissent perdant toute cohérence. A force de revenir dans ses pensées, ils se transforment en une lancinante et incessante litanie. Enfermée dans sa minuscule chambre d'auberge, allongée sur le lit, un verre à la main, elle souhaite ardemment amener le silence dans sa conscience et annihiler la migraine inhérente, elle cherche le repos au travers de vin agrémenté de sucrelune.
Peu à peu le froid saisit son être, insidieusement il s'insinue jusqu'à ses os, elle frissonne transie, égarée. Elle lève la tête vers le morne ciel grisé dans le vain espoir d'y trouver une aide, mais n'y découvre que le vide sans lunes, sans constellations, sans soleil et sans mouvement. Elle ouvre la bouche pour clamer sa rage à plein poumons, mais ne produit aucun son, seul lui répond le sifflement monotone du vent, qui se jouant d'elle : fait virevolter sa chevelure de neige, fouette ses joues de gifles sablonneuses, et gonfle sa tunique la tirant dans un sens, puis dans l'autre.
Soudain sous son pas, le sol s'efface, elle perd pied et choit du haut de la dune ondulante, rebondissant tel un pantin sans coordination. Les grains acérés et glacés griffent son épiderme, s’immiscent entre ses lèvres, crissent dans l'étau de ses dents serrées, s'infiltrent au fond de sa trachée jusqu'à ce qu'elle suffoque. Recroquevillée tel un amas disloqué après sa chute, les yeux larmoyants et rougis, elle tousse puis crache tentant de reprendre son souffle, pourtant elle n'émet aucun bruit. Devant elle s'étend un désert, dont les mouvances traîtresses rappellent le flux et le reflux d'une mer agitée par de violents tumultes. Au loin, elle perçoit un promontoire rocailleux, elle devine dans la pénombre livide, d'autres silhouettes titubantes traversant cet océan de poussière. Elle les reconnaît d'instinct, leurs routes se sont croisées à des moments donnés ; certains sont devenus des amis, d'autres ne représentent rien. Comme eux, elle sait que la rédemption se trouve là bas, près du surplomb pierreux.
Bandant sa volonté pour vaincre l'apathie qui engourdie ses membres, elle se redresse douloureusement, avance laborieusement, tombe sans répit, se blesse perpétuellement, s'écorche profondément, mais n'abandonne jamais. Le temps passe, cependant rien ne change dans cette solitude dont le gris et ses différentes nuances composent la palette des couleurs. L'unique sonorité provient du chant lugubre d'un puissant mistral. Des heures, des jours, des semaines, ou peut-être quelques minutes s'écoulent, elle ne sent que la douleur de sa chair irritée, et de son gosier asséché, chaque respiration lui devient une torture. Pourtant, à bout de force, ne tenant plus sur ses jambes, elle poursuit sa route sans faillir, toute dignité envolée, jusqu'à ce que sous ses doigts, dont la peau lacérée perle de sang, elle ne sente plus la fuyante texture mais la dureté minérale et ferme de la roche. Elle se hisse lamentablement, s'adosse contre la paroi, se reposant, enfin. Après quelques instants, elle grimpe vers le haut de la crête. Une fois atteint le sommet, elle contemple le chemin parcouru ; elle en devine le tracé sinueux. Les derniers mètres ressortent sur le sable terne teinté par des sillons rougeâtres. Elle cherche de regard ses compagnons de misère mais n'en découvre aucun. Elle comprend qu'ils ont tous finis engloutis par la faim inextinguible de cette steppe stérile. Le vent a cessé, plus un murmure, plus un bruissement.

Aussi brusque qu’inattendue, une stridulation dans son dos amène la terreur en son âme, déjà affaiblie par les épreuves. Elle pivote vivement pour faire face au danger et découvre avec horreur un serpent dont la taille gargantuesque lui ôte toute espérance. Elle recule, et sous son talon devine le néant. Dans un cri muet, elle bascule dans le vide, ayant pour dernière vision les prunelles rougeoyantes du reptile.
[...]
Le choc de son dos heurtant le sol la libère de l'emprise du songe. Engoncée dans le drap qui lui emprisonne les jambes au niveau du lit, tandis que le reste de son corps repose sur le tapis, la transpiration collant sa chemise sur son torse mince et plaquant quelques mèches blafardes sur ses joues hâves, elle offre une vision peu glorieuse de la suprématie Dunmer.

« B'vek. » Le mot fuse de ses lèvres indépendamment de sa volonté, un réflexe sous l'effet de la colère qui bouillonne en elle.

** Maudit vieux, jusqu'à présent il n'y avait jamais eu de serpent... A moins que ce ne soit l'abus de Sucrelune... Oh ! Ma tête... j'ai l'impression qu'un marteau me frappe ... **

Avec des gestes rageurs, elle se dégage de la prison de tissu pour se redresser peu gracieusement. Heurtant par inadvertance la commode, elle s'y rattrape maladroitement afin de ne point retomber lourdement sur le parquet. Par hasard, elle croise son reflet dans le miroir, la vision la fige de dégoût face à l'image de cette face aiguë, au teint cendreux et malsain, le regard hagard perdu dans des orbites bistrées de noirs.

** Quelle déchéance**

Agacée, elle plaque les mains sur ses joues, tirant la peau vers le haut dans l'inutile souhait de redonner un peu de charme à ce minois marqué par une mauvaise nuit. Dans son esprit hanté, elle n'arrive à chasser la déplaisante sensation qu'un drame se prépare.

** Un bon bain et ça ira **
Pense t-elle sans conviction.
[...]
l règne dans la pièce un suave parfum floral et une plaisante chaleur. La mer vêtue avec soin, d'un complet en tissu soyeux, dévisage l'apparence qu'elle renvoie avec un sourire complaisant: sa chevelure, d'un blanc immaculée, tressées avec soin, retombent souplement sur ses épaules. Son visage ne porte plus les stigmates des heures sombres, mais affiche un teint d'un beau gris perlé et, il faut avouer, les cernes restantes donnent plus de profondeur à l'éclat de ses prunelles pourprées.
Tout à son pêché d'orgueil narcissique, elle sursaute, surprise et agacée, quand quelques coups frappés à la porte viennent interrompre ce moment d'auto-satisfaction intense.

« Ah ! C'est vous... » Dit-elle d'une voix un brin acerbe, tandis que l'appréhension d'une catastrophe hante à nouveau sa psyché.
Le Khajiit, la mine attristée, se tient dans l'embrasure, un panier à pique-nique entre ses pattes. Il le lève vers elle.
« Il est condamné à mourir d'ennui en cette île, mais, il a apprécié ces quelques jours avec elle. Alors ils pourraient manger ensemble une dernière fois... un repas d'adieu. » La mélancolie coulant dans sa voix comme le miel des alvéoles d'une ruche, il la regarde dans l'expectative.
Elle devrait l'envoyer promener, après tout, une elfe de son envergure ne s'abaisse pas à manger sur l'herbe en compagnie d'une sous-race ; du moins, c'est de cette manière que son Oncle aurait réagit. Alors avec un sourire des plus affables elle répond :
« Mais quelle charmante attention, bien évidement que j’accepte, je vous suis. »

Une coupe dans sa main, confortablement installée dans un coin de verdure, loin du tumulte de la cité, elle lance un regard suspicieux vers le betmer : obsédée par l'horripilante intuition d'un malheur imminent, elle n'arrive à prendre plaisir à ce moment de détente.
** Cette sale bête tenterait-elle de me droguer, par hasard ! **

L'accusation fuse, Ji'Rayah blessé s'en défend. Tandis qu'elle se fourvoie en excuses maladroites, peu habituée à la pratique à cet exercice, sa perception du monde s'étiole : sa voix lui paraît venir de loin, comme si son esprit s'éloignait de son être, le paysage tourne, virevolte et perd consistance. Elle ferme les yeux ….


La pièce plongée dans la pénombre, évoque une nuit étoilée, d'ailleurs autour d'elle virevoltent les constellations. Il fait froid, sa respiration s'étire semblable à une brume blanchâtre et éthérée. Elle peine encore à appréhender ce qu'il lui arrive qu'une voix chevrotante et frénétique s'élève.
« Le mage, le serpent, tout est clair, hélas il est trop tard » Vardren le mystique s'agite devant un pupitre bondé de papiers. Il se tourne vers elle et l'examine intensément, une lueur de folie brillant dans ses prunelles exorbitées.
Elle titube, palpant ses membres dont elle sent la texture solide sous ses doigts, elle ne saisit pas comment il a pu passer ses défenses, comment il a pu l'amener ici. Néanmoins, la preuve de son incompétence lui est prouvée, une nouvelle fois.

« La larme du pouvoir se trouve à la lumière qui guide les étoiles... la lumière qui guide les étoiles. »Le magicien poursuit sa logorrhée, comme si le temps lui manquait. Il s'agite en tout sens fouillant les documents étalés sur le bois. « Il arrive » fulmine t-il pris de démence, alors qu'elle s'approche de lui, ayant empoigné sa dague dont le contact ferme sous sa paume, la rassure.« La larme de pouvoir à la lumière qui guide les étoiles.... elle est rouge!! »

Une fois près de lui, elle tente de le saisir, mais sa main ne rencontre que le vide, dans son dos une vive lueur d'un bleu polaire glace la scène. Une odeur pestilentielle se répand, s'insinue en elle comme un poison souillant son âme autant que sa chair, elle se tourne afin de distinguer le péril, durant un instant la vision d'un gigantesque serpent occulte sa vue. Lorsque le mirage s'estompe, elle découvre un sorcier à la peau d'une pâleur verdâtre maladive, aux prunelles rougeoyantes et d'une maigreur squelettique. Vardren commence à incanter mais plus rapide, le maléficien projette une ondée de flammes bleutés; l'embrasant. Le vieil altmer hurle de souffrance dans une agonie monstrueuse et immonde. L'action s'emballe dans un chaos infernal, la panique brise ses dernières pensées cohérentes quand le touché abjecte de la main du nécromant enserre sa gorge. Sans réfléchir, emplie d'une frénésie désespérée, elle donne un grand coup de dague dans le torse sans protection du chantre de la mort et …

« Xïobê, reveillez-vous... je vous prie, je ne vous ai rien fait... revenez à vous. »La voix du Khajiit vibre d'inquiétude, au dessus d'elle plane un doux soleil dont les rayons caressent son corps frigorifié.
[...]
A présent, en sécurité sur le pont du navire quittant le port, elle admire les lueurs embrasant le Guet. Tant de questions la tourmentent, et aucune réponse honorable ne lui vient à l'esprit.
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Ji'Rayah
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Le temps s'était si vite écoulé...Combien de temps était passé? Combien de jours se trouvaient dès lors derrière lui depuis qu'il eut quitté Auridia et sa vie tranquille? Combien Ja-Kha'Jay? Oui le temps lui filait entres les pattes sans qu'il ne puis un instant penser en manquer, le temps était une bourrasque...Et comme le temps était si fragile, le bonheur lui aussi...Il se dévoilait toujours éphémère, capricieux, voir tumultueux...
Si le temps était bourrasque, le bonheur, lui, prenait la forme d'un grain de sable qui, emporté, vous lâche entres les pattes pour s'éloigner, vous quitter, vous abandonner et ne laisser que le plaisir de quelques souvenirs et sensations diffus...
Il soupira longuement, ses pupilles rétractées fixaient le mur de pierre usé dont l'or des flammes et des candélabres cuivrés dessinait quelques folles illusions. Perdu dans ses plus profondes réflexions, face à un parchemin vierge, il se demandait ce qu'il devait écrire, ce qu'il devait quérir...Des nouvelles de Maitre Vardren? Son Maitre aurait déjà cherché à le contacter...De l'aide concernant le mal de l'érudite sans fourrure? Il voyait déjà son regard rubis le transpercer de milles éclats de colère...

-Rha! D'un geste rageur, il saisit le papier et le chiffona nerveusement en boule entres ses griffes avant de le jeter au feu. Et ce simple geste le renvoya à ce qu'il était désormais...Seul.
Cette pensée lui fit face comme un rayon de soleil trop ardent au réveil. Jusque là, il n'avait pas eu à penser plus que cela, il n'avait pas eu à trop travailler, il n'avait pas eu à prendre quelconques responsabilités, jamais...
Et aujourd'hui, il se retrouvait emporté par les flots rageurs d'un courant si vaste qu'il se sentait naufragé impuissant. Il devait penser, anticiper, se responsabiliser, travailler, penser aux finances, puis...peut être la protéger.

Ses griffes tapotaient dans un rythme soutenu la surface boisée du bureau, infime témoignage de la nervosité qui le possédait.

Puis il y avait ce retour, celui d'un Khajiit qui avait vécu top loin de chez lui, trop longtemps, et qui se retrouverait soudainement happé par sa race, sa nature, sa condition, sa culture...Pourtant il ressentait un profond apaisement ici à Rawl'Kha, ces vieux temples ornés de lunes, ce ciel emplis d'étoiles, ce climat sec...Mais si seulement, il retournait au pakseech*, il retrouvait les siens...Serait-il encore capable de les reconnaître? Demanderait-il qui il est? Ce qu'il est devenu? Seront-ils fiers...Ou bien sera t'il vu tel un Renrij.

Soudainement, la griffe de son index se retourna, provoquant une affreuse douleur et arrachant le khajiit à ses angoisses. Il n'avait pas fait attention que le tapotement s'était mué en grattements compulsifs et marques qui avaient même entailler le plateau du bureau. Laissant échapper un couinement plaintif, il eut envie alors de pleurer, délaisser ce fardeau, soulager sa conscience et ses névroses qui ne cessaient de le hanter comme de pesants nuages sur son ciel plus si clair.

Mais il n'était plus un Ja'Khajiit*. Le Ja'Khajiit, l'eut quitté comme le bonheur lorsqu'il eut quitté Auridia. Quel dommage qu'il ne s'en rendit compte seulement maintenant qu'il eut disparu.

Le bonheur est un grain de sable oui, un grain de sable que le temps emporte avec lui...

-Jekosiit*! Dov krozit, dov krozit...Jan dege zrajit*



Notes:
pakseech: Siège du clan.
Renrij: Exilé, pourriture.
Ja'khajiit: Chaton.
Jekosiit: Insulte, Parjure.
Dov krozit; dov krozit...Jan dege zrajit: "Ne plus penser, ne plus penser...il a besoin de liqueur."
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Reylïn Xïobê
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Le poison de l’âme. 

Les renseignements récoltés, lors de leur séjours à Rawl 'kla, les menèrent à une antique ruine des Marches de la Camarde, non loin de Dune. Malgré une prudence extrême les ayant poussée à user de différents subterfuges afin de passer inaperçus, ils sentaient, de manière diffuse, le danger se rapprocher d'eux.

[...]

Ji''Rayah ouvre la marche tenant dans sa patte une torche, dont la flamme ne parvient pas à briser les ténèbres au delà d'un faible halo, leur permettant juste de découvrir où se posera leur pied lors du prochain pas. Depuis des heures ils s’enfoncent le long de l'humide boyau boueux, envahi d'une végétation nauséabonde, plongeant dans les entrailles du temple : de l'eau froide ruisselle de la roche tombant sur leurs têtes, elle s'infiltre insidieusement dans les tissus jusqu'à détremper leurs tenues. Le sol spongieux avale la semelle de leurs chaussures avec un bruit de succion écœurant, ralentissant leur marche et usant leurs forces. Le moindre son résonne, se déforme à l'infini jouant sur leurs nerfs. Ils ne parlent plus, économisant leur énergie dans cette épreuve épuisante aussi bien physiquement que moralement.D'abord aux aguets, toute son attention tendue à débusquer un quelconque péril dans les formes environnantes totalement dévoyées par le prisme tronqué de la faible lumière dont ils disposent, Xïobê se laisse finalement bercer par la pénible monotonie du trajet. Elle plonge dans une rêverie maussade : revivant sans cesse sa rencontre immatérielle avec le sorcier, rejouant les actes, réinventant les mots prononcés. Peu à peu des idées diffuses et incohérentes émaillent son esprit, murmurées par une voix doucereusement révoltante, et éveillent ses plus viles pulsions, transformant les barrières morales en de haïssable contraintes qu'une colère croissante menace de mettre à mal. Le léger coup de coude du Khajiit faillit la faire hurler de rage. Durant de brèves secondes, elle éprouve le puissant désir d'entendre ses os se broyer, de voir son crane se fendre jusqu'à répandre son contenu dans la boue. 

Au creux de sa gorge, une chaleur diffuse se dégage de l'amulette. 

« Quoi encore? » Questionne t-elle d'une voix rendue gutturale par l'effort fourni afin de ne point céder à ses bas instincts.
« Là ! Une lueur, on dirait que la voie débouche vers un espace plus grand.. » Dit-il désignant le bout du tunnel, duquel émane une luminosité blafarde, tout en posant un regard circonspect sur sa compagne. Consciencieusement, il éteint le flambeau, le plongeant dans la vase saumâtre au sein de laquelle ils pataugent depuis des heures. D'un commun accord ils s'accroupissent et avancent, dans un silence que seul trouble le faible chuintement de leurs respirations. Ils émergent de la galerie dans la pénombre d'une coursive en hauteur. Discrètement le félin se meut en direction du garde-fou en pierres grises, il lève légèrement la tête par dessus afin de donner une œillade vers la salle en contrebas. De sa position, la Dunmer devine la tension du Khajiit dans la crispation soudaine de ses épaules. Il se retourne vers elle, posant un index griffu sur sa gueule pour lui intimer le mutisme, et l'invite à le rejoindre lui désignant, au bas d'une volée de marches, plusieurs individus. L'éclat morne des quelques brandons, fixés sur des supports rouillés, donnent à leurs ombres un aspect trouble ; elles s'étirent, maigres, distordues, cauchemardesques puis s'entrelacent dans une sordide bacchanale. La manière désarticulées et saccadées, à la limite du grotesque, avec laquelle déambule les créatures ne laissent nul doute dans l 'esprit des aventuriers: le maléficien les a devancé, encore une fois. 
Ils ne tardent pas à découvrir sa silhouette anémiée, proche d'un autel, de l'autre côté de la structure. Il leur tourne le dos, ses bras se lèvent avec lenteur, les manches amples de sa robe moirée retombent dévoilant la maigreur extrême de son ossature. Sous l'effet d'une aura malsaine prenant naissance entre ses doigts, sa peau révèle une teinte maladive. Progressivement il pivote et malgré la distance, elle est certaine de voir un sourire triomphant se dessiner sur le faciès aux prunelles rougeoyantes, qui hantent ses songes depuis plusieurs semaines. La terreur l'envahie d'un coup, sapant toute volonté, elle se plaque contre le muret, tétanisée. Elle sent ses mains se crisper convulsivement sur la mousse spongieuse.

 - Il suffit de lâcher prise, de cesser de lutter, plus de douleurs, plus de souffrances dans l'acceptation - lui susurre une petite voix suave comme du papier de verre crissant sur du métal. 

Au creux de sa gorge, une chaleur diffuse devient une intense brûlure. 

La douleur virulente du métal chauffé à blanc contre sa peau rompt l’envoûtement dans lequel elle sombrait. Avec un grognement acerbe, elle arrache le collier de son cou, l'écartant d'elle, alors que le médaillon grésille et rougeoie avant de s'embraser. Elle le lâche vivement, en quelques secondes d’incandescence il se disloque et termine en un vague amoncellement de cendres rapidement dispersées dans l'air. Un éclat de rire, aigre comme un crissement d'ongles sur un tableau en ardoise, emplit soudainement l'espace. Les deux magiciens prostrés contre le muret se regardent.
« Il nous faut un plan et vite... » murmure t-elle. « Je doute de pouvoir le vaincre grâce la magie, par contre, un bon coup de dague... »
« Le khajiit peut le faire, il sait se fondre dans les ombres.» le félin se redresse pour jeter un rapide coup d’œil en direction de leur ennemi. « Il peut atteindre les autres escaliers qui le mèneront juste à coté de l'autel …. » 
Aussi sèche et cassante que de la limaille de fer, une voix remplace le rire, elle résonne haut et clair.« Notre invitée est arrivée, allez la chercher et ramenez là, je l'attendais avec impatience. »Le frottement répugnant de pieds traînant sur le pavé répond à l'ordre et accentue le sentiment d'urgence du duo caché derrière la rambarde.
 « La peau lisse pourrait détourner son attention, le temps que Ji'Rayah arrive près de l'autel. Elle devrait aussi l'attirer vers elle, elle pense en être capable ?» après un court moment d'hésitation, elle acquiesce énergiquement. Sans produire le moindre son, le betmer se fond dans les ombres puis disparaît à sa vue.
 ** Ne laisse pas la peur te guider....n'oublie pas qui tu es et ce que tu veux devenir.** 
Prenant une grande inspiration, elle se redresse. « Nul besoin d'envoyer vos …. » inspectant la distance la séparant des non-morts titubants dans sa direction. «familiers, je peux me déplacer sans aide. » un frisson lui parcourt l'échine en les voyant si proche.
« Vraiment, alors ne vous faites pas attendre : descendez et donnez moi les tablettes, avec un peu de chance vous aurez le plaisir de ne point achever votre triste existence en ce lieu. » le nécromant tend ses mains vers elle dans une sordide imitation d'un hôte prévenant. Du coin de l’œil, elle cherche à repérer l'avancée du Khajiit, mais elle ne parvient pas à déchiffrer sa présence.
 ** Gagner du temps et le faire avancer en ma direction... ** 
« Il semblerait que je n'ai pas vraiment le choix » rétorque t-elle tout en plongeant les mains dans sa sacoche, cherchant fébrilement à extraire les tablettes de leur paquetage. « Pourtant, vous n'avez pas été si adroit que cela, jusqu'à présent. Il serait dommage qu'une nouvelle fois, vous ne puissiez venir à bout de vos ambitions. »
« Cela suffit, assez joué . » La voix roule comme le tonnerre, et les pantins sans vie se remettent en branle.
« Arrêtez les ! Un pas de plus et je les laisse tomber ! Je gage que la chute risque fort de les endommager ! » les bras tendus au dessus du parapet, les antiques artefacts tenus à bout de doigts dans le vide, le ton vibrant de défit.
« Pauvre sotte, votre mort va être un délice de souffrances. » la haine émanant de l'intonation est aussi tranchante qu'une lame. « Par contre si vous êtes une brave fille et les donnez sagement, vous aurez droit à savourer une autre vie bien plus réjouissante à mon service » L'odeur pestilentielle de la putréfaction envahit ses narines, tout comme la peur paralyse ses membres, elle devine la promiscuité des cadavres en son dos.
** Où est ce maudit félin ….**
Depuis l'obscurité près de l'autel un bref scintillement métallique attire ses prunelles, elle sourit, ses doigts s'écartent. Le maléficien pousse un râle de rage et bondit dans l'espoir de rattraper les plaques avant qu'elles ne finissent sur les dalles. Surgissant alors de sa cachette Ji'Rayah, dans une attaque fluide, plonge sa dague dans la gorge du nécrommancien, et la tranche d'un coup sec. Avec des craquements répugnants d'ossements fracassés, les mort-vivants s’effondrent en amas fétides. Dans l'esprit de la Dunmer émerge le calme, brusque, imprévisible, comme si un poids venait de lui être ôté. Elle laisse échapper un soupir de bien être. Il leur faut plusieurs minutes pour réaliser pleinement leur réussite, elle le rejoint, pendant qu'il étudie le corps avachi à ses pieds, sous ses chausses crissent les restes rompus des ardoises.
« Il ne pensait pas que cela serait si … facile. » il relève la tête vers elle  « mais, elles sont détruites à présent... nous avons fait cela pour rien. »
Elle lui sourit, amusée. « Non, ce n'étaient pas les tablettes, du moins pas celles qu'il recherchait. »
« oh !..alors nous avons … gagné ? »
« il faut....
Ses derniers mots s'étouffent dans un hoquet de surprise. Ils reculent tous deux, épouvantés, tandis que du corps s'élève une lugubre phosphorescence. D'abord informe, elle prend peu à peu l'apparence d'une silhouette humaine planant au dessus de la dépouille. Puis dans un hurlement monstrueusement abjecte, elle fond sur eux, les traversant de part en part avant de les projeter contre les parois et de disparaître. 

[…]

Plusieurs semaines se sont écoulées depuis ce terrible instant, Faneracine leur offre un havre de sécurité où panser leurs plaies. Les jours passent, pleins d'activités, de recherches et d'étude, elle ne se laisse aucun moment de répit, garde toujours l'esprit occupé pour éviter de réfléchir. Mais le soir venu, quand seule, allongée sur sa couche de fourrure, elle se tourne et se retourne revivant le tourment : l'impact glacé lui arrachant un cri de douleur, la sensation que l'on fouille ses pensées, extrayant secrets, désirs, rêves pour les soumettre à une analyse méticuleuse et malfaisante. Ensuite la sensation que l'on écartèle son être, son moi intérieur pour le corrompre en lui faisant entrapercevoir une hideuse puissance, lui promettant gloire et immortalité. Le tout sur une durée infime lui ayant paru prendre une éternité. Elle se redresse alors, trempée de sueur, tremblante de froid, luttant contre cet insidieux venin dénaturant son âme. Et pourtant, même si elle parvient à vaincre, jamais cette souillure ne s'effacera totalement, elle restera à jamais marquée.
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