L'âme de Tel-Tidihn
La porte se referme sans bruit derrière la Mer. Dans la pièce baignée d'une douce lueur matinale, la discrète mélopée du sortilège chorégraphiant les ouvrages en un aérien ballet, berce le silence d'une caresse éthérée.
En cet instant, Xïobê ne recherche pas la sérénité de l'étude. Elle avance de quelques pas vers les livres dansants et s'immobilise, dardant un regard vif sur eux. Elle se remémore ses précédentes visites, lorsque l' Oncle la convoquait. Divers bribes de souvenirs déplaisants tentent de remonter à la surface , faisant naitre un long frisson glacé tout au le long de son échine, ses poings contractés deviennent moites, elle frissonne figée sur place, tétanisée. Elle prend une grande inspiration pour se calmer et par un effort de volonté elle les chasse dans les limbes de sa psyché afin de se concentrer sur ces brefs moments, où Vorar enclin aux confidences laissait échapper des informations relatives aux origines de la Famille Reylïn.
Elle se rappelle cette fois, où lui aussi debout face à cette valse de connaissances virevoltantes, tendit la main pour saisir un vieux carnet jauni à la couverture de cuir usée. Elle eut l'impression de voir le manuscrit frémir au contact de la peau du Magicien, comme un animal rétif et sauvage cherchant à fuir une emprise non désirée. Il s'agissait d'un manuscrit, sans aucune ornementation, endommagé par le passage du temps. Le Mer le pose sur le bureau, délicatement de ses doigts maigres, il l'ouvre dévoilant, pour un bref instant, des pages jaunies recouvertes d'une écriture en patte de mouche. Rien de remarquable et pourtant...
Assis, le livre devant lui, Vorar en caresse précautionneusement les feuillets, en souriant. A aucune moment il n'a offert à sa nièce le confort, la laissant debout devant lui.
« Il est rare que je puisse le saisir, la plupart du temps je ne me rappelle même plus sa présence. Et des fois, telle aujourd'hui, je l'entends murmurer à mon âme, m'appeler.»
Il soulève l'objet, le fait tourner entre ses mains, l'observant sous toutes ses coutures. Droite, immobile, bien campée sur ses pieds, de l'autre côté de la table de travail, Xïobê ne dit mot, n'ose respirer trop fortement de peur qu'il se ravise et cesse de parler.
« C'est le journal de Namarie, la fondatrice de la famille, elle a façonné l'Atma de Tel-Tidihn.»
Brusquement Il fronce les sourcils, secoue la tête et cligne des paupières, durant un bref instant l'étonnement brille dans ses prunelles alors qu'il contemple le livre puis lève les yeux vers elle, surpris de la voir. La colère réduit ses lèvres à une mince bande blanchie, il la desserre pour la tancer d'un ton acide.
« Qu'est ce que tu fais planter là, comme une mauvaise herbe ! Disparais d'ici de suite, et ne t'avises jamais de mettre les pieds dans ce bureau sans que je sois là.»
Il n'a jamais reparlé de cet événement, peut-être l'avait-il oublié, et elle préféra ne pas aborder le sujet avec lui. A présent, les choses ont changé. Elle ne perçoit plus ce malaise latent, cette sensation d'être une intruse au sein de la Tel. Le changement s'amorçait déjà avant le décès de l'oncle. Il n'aurait dû tenter de la garder en captivité, sous l'emprise d'un sort l'ayant plongé dans un profond sommeil. Ce fut probablement la plus grande erreur du Sorcier. Car la magie œuvrant dans la Tour put facilement s'infiltrer dans l'esprit sans défense de la jeune Mer, prisonnière dans un songe.
« A nous deux, Namarie.»
Les yeux clos, les paumes offertes tendues vers les ouvrages, elle entre en méditation, écoutant le ténue chant de la magicka. Son esprit s'ouvre aux méandres complexes du tissage arcanique, cherchant le murmure, le guide pour la mener à son but. Dans le bureau les couleurs chamarrés du jour, filtrées par le vitrail, s’obscurcissent. Les ombres gagnent en profondeur, alors que la lumière dorée des candélabres s'éveille pour les repousser. La Mer semble figée dans le temps, sur ses traits fin apparaissent les marquent de la fatigue, des gouttes sueur perles à ses tempes. Cependant elle ne renonce pas et alors qu'elle vacille, ses dernières forces s'étiolant, elle perçoit une variation dans la monotonie lancinante de l'ondulation des livres, une imperceptible modulation. Elle s'y accroche, déroulant le mince fil impalpable jusqu'à son origine. Sa dextre bondit vers l'avant, saisissant vivement un opuscule.
Elle ressent un choc crépitant au contact du brochage, une vague déferlant sur son âme, son corps, enjôleuse dans son agressivité avide. Elle se mord la lèvre jusqu' au sang pour retenir un cri de douleur. D'un pas incertain, elle se dirige vers le fauteuil, se laisse choir dessus, l'ouvrage entre ses mains. Elle le pose sur la table de travail, et quand ses doigts s'en écartent, il s'ouvre lentement, comme si quelqu'(un ou quelque chose en tournait les pages. Quand le mouvement cesse, la Mer se penche légèrement, rapprochant une chandelle pour mieux voir et débute la lecture.
La porte se referme sans bruit derrière la Mer. Dans la pièce baignée d'une douce lueur matinale, la discrète mélopée du sortilège chorégraphiant les ouvrages en un aérien ballet, berce le silence d'une caresse éthérée.
En cet instant, Xïobê ne recherche pas la sérénité de l'étude. Elle avance de quelques pas vers les livres dansants et s'immobilise, dardant un regard vif sur eux. Elle se remémore ses précédentes visites, lorsque l' Oncle la convoquait. Divers bribes de souvenirs déplaisants tentent de remonter à la surface , faisant naitre un long frisson glacé tout au le long de son échine, ses poings contractés deviennent moites, elle frissonne figée sur place, tétanisée. Elle prend une grande inspiration pour se calmer et par un effort de volonté elle les chasse dans les limbes de sa psyché afin de se concentrer sur ces brefs moments, où Vorar enclin aux confidences laissait échapper des informations relatives aux origines de la Famille Reylïn.
Elle se rappelle cette fois, où lui aussi debout face à cette valse de connaissances virevoltantes, tendit la main pour saisir un vieux carnet jauni à la couverture de cuir usée. Elle eut l'impression de voir le manuscrit frémir au contact de la peau du Magicien, comme un animal rétif et sauvage cherchant à fuir une emprise non désirée. Il s'agissait d'un manuscrit, sans aucune ornementation, endommagé par le passage du temps. Le Mer le pose sur le bureau, délicatement de ses doigts maigres, il l'ouvre dévoilant, pour un bref instant, des pages jaunies recouvertes d'une écriture en patte de mouche. Rien de remarquable et pourtant...
Assis, le livre devant lui, Vorar en caresse précautionneusement les feuillets, en souriant. A aucune moment il n'a offert à sa nièce le confort, la laissant debout devant lui.
« Il est rare que je puisse le saisir, la plupart du temps je ne me rappelle même plus sa présence. Et des fois, telle aujourd'hui, je l'entends murmurer à mon âme, m'appeler.»
Il soulève l'objet, le fait tourner entre ses mains, l'observant sous toutes ses coutures. Droite, immobile, bien campée sur ses pieds, de l'autre côté de la table de travail, Xïobê ne dit mot, n'ose respirer trop fortement de peur qu'il se ravise et cesse de parler.
« C'est le journal de Namarie, la fondatrice de la famille, elle a façonné l'Atma de Tel-Tidihn.»
Brusquement Il fronce les sourcils, secoue la tête et cligne des paupières, durant un bref instant l'étonnement brille dans ses prunelles alors qu'il contemple le livre puis lève les yeux vers elle, surpris de la voir. La colère réduit ses lèvres à une mince bande blanchie, il la desserre pour la tancer d'un ton acide.
« Qu'est ce que tu fais planter là, comme une mauvaise herbe ! Disparais d'ici de suite, et ne t'avises jamais de mettre les pieds dans ce bureau sans que je sois là.»
Il n'a jamais reparlé de cet événement, peut-être l'avait-il oublié, et elle préféra ne pas aborder le sujet avec lui. A présent, les choses ont changé. Elle ne perçoit plus ce malaise latent, cette sensation d'être une intruse au sein de la Tel. Le changement s'amorçait déjà avant le décès de l'oncle. Il n'aurait dû tenter de la garder en captivité, sous l'emprise d'un sort l'ayant plongé dans un profond sommeil. Ce fut probablement la plus grande erreur du Sorcier. Car la magie œuvrant dans la Tour put facilement s'infiltrer dans l'esprit sans défense de la jeune Mer, prisonnière dans un songe.
« A nous deux, Namarie.»
Les yeux clos, les paumes offertes tendues vers les ouvrages, elle entre en méditation, écoutant le ténue chant de la magicka. Son esprit s'ouvre aux méandres complexes du tissage arcanique, cherchant le murmure, le guide pour la mener à son but. Dans le bureau les couleurs chamarrés du jour, filtrées par le vitrail, s’obscurcissent. Les ombres gagnent en profondeur, alors que la lumière dorée des candélabres s'éveille pour les repousser. La Mer semble figée dans le temps, sur ses traits fin apparaissent les marquent de la fatigue, des gouttes sueur perles à ses tempes. Cependant elle ne renonce pas et alors qu'elle vacille, ses dernières forces s'étiolant, elle perçoit une variation dans la monotonie lancinante de l'ondulation des livres, une imperceptible modulation. Elle s'y accroche, déroulant le mince fil impalpable jusqu'à son origine. Sa dextre bondit vers l'avant, saisissant vivement un opuscule.
Elle ressent un choc crépitant au contact du brochage, une vague déferlant sur son âme, son corps, enjôleuse dans son agressivité avide. Elle se mord la lèvre jusqu' au sang pour retenir un cri de douleur. D'un pas incertain, elle se dirige vers le fauteuil, se laisse choir dessus, l'ouvrage entre ses mains. Elle le pose sur la table de travail, et quand ses doigts s'en écartent, il s'ouvre lentement, comme si quelqu'(un ou quelque chose en tournait les pages. Quand le mouvement cesse, la Mer se penche légèrement, rapprochant une chandelle pour mieux voir et débute la lecture.
Le 15 Clairciel de l'an 85 E2
Il aura fallu nombres d'années, d'obstacles à surmonter, mais cela en a valu la peine. En ce jour magique, je suis finalement reconnu par mes pairs. J'aurai pu espérer mieux qu'un vague îlot perdu en Vvardenfell, mais du moins certains de ces esprits étriqués penseraient de la sorte. Pour ma part c'est une opportunité indéniable, tout est à faire, à construire. Il me sera plus aisé de me faire une place, de croître à distance de Port Telvanni où tout est déjà si bien imbriqué, rigide.
[…]
L’île est petite, mais réserve m'a réservé une surprise, elle ne paie pas de mine au première regard, néanmoins en son sein elle cache une mine à Kwama, abandonnée certes, néanmoins en bon état. Il sera aisé de la remettre en fonction. Notre richesse est faite.
Je songe à bâtir notre demeure sur les hauteurs, là où pousse un grand buisson de baies ayant la forme d'une arche, là où j'ai demandé Akiama en mariage, il y a deux nuits de cela. Elle a dit oui, à la lueur de la pleine lune.
Notre tel se nommera Tidihn... une petite plaisanterie en l'honneur de ce moment. Il se peut que mes descendants n'en savourent pas la subtilité mais qu'importe. Une fois qu'une tour à son nom, son âme, elle la garde jusqu'à sa destruction...
Un nom simple, mais qui aura à jamais pour nous deux, une aura particulière...
[...]
Le 2 Plantaison de l'an 86 E2
[…]
Après des mois d'études et de recherches j'ai enfin trouvé les âmes qui donneront vie à la Tel, il est rare d'en choisir plus d'une, mais ce je doute que cela soit interdit. Rien dans mes lectures ne m'a indiqué le contraire. De plus elles sont parfaites, elles s'aiment, elles seront un écho à notre amour. Je ne peux les séparer, et ma proposition leur offrira l'éternité ensemble...
Elles se rencontre en secret dans une crique non loin de l'île. Il y a Balima, une Ombre Ailée au service d'Azura, et Klatol une Auréals ou Sainte-Dorée œuvrant pour Shéogorath.
Cela fait plusieurs semaines que je les observe, les écoute.. je pense qu'elles pourraient accepter.
Leurs maître respectifs ne sont pas vraiment amis, bien qu'ils ne soient pas ennemis, toutefois …
Nous verrons bien, demain je vais tenter ma chance soit par la diplomatie, soit par la violence, mais d'ici peu j'aurai mes pierres d'âmes pour débuter la croissance.
[…]
Le 30 Soufflegivre de l'an 90 E2
J'entends leurs murmures nuits et jours, je fuis le sommeil comme un maux des plus dangereux. Je crains de ne plus jamais pouvoir m'échapper de leurs limbes... La Tel est un piège qui se referme sur mon âme..
Je tente de le cacher à Akiama, elle semble si heureuse de vivre la croissance de la demeure. Elle lui parle, la flatte et m'aide à la faire pousser. Jusqu'à présent, rien ne la trouble, aucun songe étrange, aucune voix, apparemment je suis la seule à en être affectée. Elle n'a pas, comme moi, lié ces esprits à jamais dans la chair végétale pour les plier à sa volonté.
Je m'égare, je ne me reconnais plus, ... elles m'envahissent... je dois trouver une solution ….
Le 17 Soirétoile de l'an 90 E2
Je voulais les briser, réduire en mille miettes ces maudites pierres d'âme. Elles ont du lire mes pensées, ou peut-être me suis trompée dans le rituel...
Non ! Non !! je viens de le lire, tout est correct... Je suis si fatiguée, les mots dansent devant mes yeux, j'ai l'impression de les voir changer de place...
Non.. non tout va bien, je relis, cela reste toujours identique et pourtant....
J'ai interdit l'accès au cœur de la Tour, sous terre, bien cachée, nul autre n'y pénétrera... Tout aurait du fonctionner... mais au lieu de l'éclatement des gemmes, elles ont fusionné, pris de l'ampleur. Le cristal est immense, il pulse... il vit, elles vivent, et me parlent, me font des promesses...
Demain je quitte la Tel, j'amène Akiama avec moi....
Le 6 Mi-l'an de l'an 98 E2
Nous voilà revenue, ces longues années loin de chez moi furent une épreuve, un déracinement, mais un mal nécessaire.
Je sais comment m'y prendre à présent, je comprends mes erreurs, mon arrogance. Il me faudra en payer le prix, le moment venu. En attendant, elles et moi avons scellé un pacte.
[...]
Les pages se tournent de plus en plus vite, l'empêchant d'en lire d'avantage, dans un claquement sec, le livre se referme la laissant épuisée et migraineuse. Elle frotte ses yeux rougis par cette lecture laborieuse. Les mots paraissaient bouger, se modifier, ne lui laissant comprendre qu'une infime parcelle des écrits contenus.
Quelques réponses, mais qui amènent tant de questions .....
Elle soupire de lassitude, l'ouvrage lui échappe des mains pour se fondre à nouveau dans la masse et disparaitre...
Quelques réponses, mais qui amènent tant de questions .....
Elle soupire de lassitude, l'ouvrage lui échappe des mains pour se fondre à nouveau dans la masse et disparaitre...